mercredi 25 mai 2011

Shortbus, au cœur de l’orgasme féminin

Shortbus, véritable ovni cinématographique sorti en 2006, s’attache à la quête de l’orgasme féminin. Il nous montre sans détour un New York post-11 septembre dans lequel des New-Yorkais se retrouvent dans le « Shortbus » (parodie des bus scolaires américains qui transportent les enfants surdoués) pour oublier leur solitude.

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Lors d’une discussion avec un ami qui se reconnaîtra, on en est venu à parler de ma conception de ma sexualité. Et il paraît que je ne semble pas avoir une vision saine de la sexualité. Parce que je critique l’exploitation sexuelle des femmes dans la publicité ou la pornographie. Comme si cela montrait « une conception saine de la sexualité ». Enfin bref, me voilà à parler d’un film qui a reçu beaucoup de critiques à cause de son caractère « pornographique ». Et moi j’ai adoré. Effectivement, le sexe y est cru, on ne nous ménage rien, au point de se demander pourquoi le film a été classé interdit au moins de 16 ans et pas interdit au moins de 18.


Sophia (Sook-Yink Lee) est une sexologue. Elle reçoit tous les jours des couples qui ont des problèmes dans leur sexualité. Et pourtant, elle-même n’est pas complètement épanouie. Elle n’a jamais eu d’orgasme. Quand un couple homosexuel qu’elle traite l’apprend, les rôles s’inversent et ils lui conseillent de faire un tour avec eux dans le « New York underground » de l’après-11 septembre. Ils se rendent dans le Shortbus, un endroit de grande liberté où l’on peut voir des films d’auteurs (« plus ils regardent des films chiants, plus ils se croient intelligents »), discuter d’arts ou de politiques, boire un verre ou jouir tout simplement, dans une ambiance très hippie. Sophia y rencontre des personnages tous plus attachants les uns que les autres, dont un homosexuel, ancien prostitué, fou amoureux mais dépressif ou une escort-girl sadomaso qui ne supporte pas de s’appeler Jennifer Aniston. Chacun à la recherche d’eux-mêmes dans le milieu de la nuit où l’on ne juge pas celui qui demande de l’aide.


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John Cameron Mitchell insuffle une vraie recherche esthétique à son film. La scène d’ouverture est d’ailleurs très intéressante de ce point de vue. Dans un New York en carton-pâte, la caméra vole de fenêtre en fenêtre pour nous montrer ce qu’il s’y passe. Une manière de nous faire entrer dans la vie quotidienne des habitants de l’une des villes les plus densément peuplé du monde. On rit souvent, car Mitchell a su utiliser un humour décalé, qui fait mouche (la scène avec l’œuf vibrant est vraiment réussie, ainsi qu’un hymne national américain chanté dans un endroit plus qu’insolite). La musique est envoutante et il faut également saluer la performance des acteurs, non professionnels, tous novices dans le cinéma. Ils jouent extrêmement bien ces personnages perdus, à un tournant de leur vie.


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Attention donc, ce film n’est pas à mettre devant tous les yeux. Mais ce n’est pas un film pornographique. Les relations sont montrées crues c’est vrai, mais ici cela sert un scénario, un but précis. Le sexe n’est pas mécanique, sans raison. Les relations sexuelles sont souvent tristes. Rien à voir avec la pornographie, qui montre un monde facile, dans lequel les femmes ne disent jamais non et jouissent (simulent) toujours. La pornographie ne montre pas nos peurs, nos tristesses, nos faiblesses, nos fêlures ou nos joies, comme le fait Shortbus. On ne montre pas du sexe pour montrer du sexe mais pour montrer le rôle du sexe dans nos vies, et comment il peut parfois devenir une obsession.


Voilà enfin une bonne manière d’entamer le sujet de l’orgasme féminin, d’une manière crue, peut-être, mais pas fade. Sophia n’a pas d’orgasme mais n’ose pas le dire à son mari. Elle part à la recherche de la jouissance mais aussi un peu d’elle-même. Le sujet du film est notre sexualité. Une sexualité qui rapproche parfois, mais qui sépare plus souvent. Faire un film sur la sexualité sans montrer la sexualité, voilà qui aurait été bizarre.



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Hymne à la jouissance, dans le respect de l’autre et dans son propre respect, Shortbus est différent de tout ce que j’ai pu voir. Je ne suis pas une puritaine catho qui parle à Jésus la nuit. Je préfère parler avec mon copain. Je ne suis pas contre la sexualité, part importante de nos vies. Je suis contre ceux qui essaient de nous imposer une certaine conception de la sexualité, toujours hétérosexuelle et machiste. De ce film, on ressort avec une profonde mélancolie. Mais aussi avec un grand sentiment de liberté. A voir absolument (en étant prévenu), pour sortir des sentiers battus.


Shortbus - Bande annonce Vost FR

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