mardi 31 mai 2011

Vie de meuf ? Parfois une vie de merde !

Voilà une très bonne initiative dont j’aimerai vous parler. La plateforme Osez le féminisme a lancé le blog Vie de meuf pour montrer que les inégalités hommes-femmes et le sexisme ordinaire sont encore très présents dans notre société. Sur le même principe que Vie de merde, le blog vous permet, homme ou femme, de partager vos expériences de sexisme ordinaire.











Et le site a connu un succès fulgurant. Depuis le 19 mai, un livre est même sorti, reprenant de nombreux témoignages postés sur le site mais aussi de conseils, des idées répliques à lancer et des rappels d’articles de lois pour aider à lutter contre ces petites phrases et ces attitudes toujours problématiques.







Les bénévoles qui tiennent le site ont récemment dû fermer les commentaires. Trop d’insultes. Comme quoi, quand on essaie de mettre en lumière certaines réalités (sur le ton de l’humour), il faut s’attendre à des réactions agressives.


Quelques exemples d'expériences de sexisme ordinaire postés sur le site :


Festival de films de femmes
"Je buvais un café avec des collègues masculins quand l'un d'eux a le regard attiré par une affiche annonçant un festival de films de femmes. J'ai entendu "chouette les mecs un festival de films pornos". Je n'ai pas digéré le café !!#viedemeuf Anne Marie
"




Trente ans et après ?
"Je fête mes 30 ans avec mes parents. Lors du repas, mon père se lance : "Tu sais qu'il n'y a pas que la carrière dans la vie, tu es journaliste, c'est bien mais bon, tu as 30 ans..." Et me donnant l'exemple d'une amie, journaliste également, rédactrice en chef, sans enfants. "Tu vois, elle est passée à côté de sa vie, tu veux faire pareil?" Tout cela avec la plus grande assurance et sous le regard larmoyant de ma mère qui attend que j'accomplisse ses fantasmes de grand-mère.#viedemeuf Adeline"



Pub sexiste
""Content" de voir que des personnes partagent le fait de se sentir ''exclues'' par certaines pubs... Blédina, du côté des mamans... c'est mignon c'est gentil tout plein... mais faudrait quand même leur dire qu'il y a des papas qui élèvent leurs enfants... seuls... aussi... Du coup, depuis que j'entends une pub de ce genre, je note et j'achète la concurrente !#viedemeuf Bertrand "




Travail
"Après des études poussées, mais de grandes difficultés à trouvé un premier emploi stable, je suis obligée de vivre de petits boulots comme garder des enfants ou faire des ménages. J'en discute avec la mère d'une amie qui ne trouve rien de mieux que de me répondre "Ah oui, c'est plutôt bien comme travail pour une femme", j'en suis restée estomaquée ! Aurait-elle eu cette réflexion si j'avais été un homme....#viedemeuf Alis"




L'annonce au big boss !
"Moi : "Je suis enceinte."Réponse du big boss : "Vous êtes même pas mariée! Comment allez-vous faire ? Il faut s'en occuper pour être une bonne mère! Vous ne pourrez plus travailler. Je sais ce que c'est j'en ai 5". Sa femme s'occupe des enfants à la maison! Le bébé a aussi un Papa et s'en occupera pas seulement pour le tour de vélo. Il y a aussi des modes de garde. Ca ne fera pas de moi ni une mauvaise employée ni une mauvaise maman.#viedemeuf Eva "




Dans un bar
"Un soir, dans un bar, avec mon chéri. Nous commandons des boissons à la serveuse, je prends une bière et lui un sirop à l'eau. La serveuse lui a donné la bière et moi, le sirop...#viedemeuf P.E."




Marie-toi avant que je ne meurs
"Attablée avec mon père lors d'un diner de famille, celui ci me dit:"Ma fille, il va falloir que tu te trouves un mari, comment feras tu lorsque je serai mort?"Je tiens à preciser que je vis de manière autonome depuis plus de 10 ans...#viedemeuf Isabelle"



Si l'idée vous séduit, si vous aussi vous avez envie de partager vos expériences et de montrer que le sexisme est loin d'être derrière nous, rendez-vous sur le blog, j'y écris souvent.



dimanche 29 mai 2011

La révolution espagnole sera féministe, ou ne sera pas

« Le révolution sera féministe, ou ne sera pas ». La pancarte qui affichait ce calicot a été violemment arrachée, lorsque les féministes, dont la tente a été une des dernières à avoir rejoint le mouvement des indignés espagnols, ont osé l’afficher. La révolution espagnole, révolution macho ?






















Tu veux que je sois vierge, que je sois une sainte, que je sois soumise…J’en ai ras le bol de toi


Les événements de la Puerta del Sol à Madrid (ainsi que ceux qui s’en inspirent partout en Espagne, en Grèce et en France) nous le rappellent : quand tout le monde y met du sien, la démocratie directe est possible. Contre la crise économique qui frappe durement les jeunes, les indignés s’opposent à la corruption, au clientélisme et au système qui oppressent les plus démunis.

Le mouvement, commencé le 15 mai, est organisé. Différents groupes gèrent tous les aspects de la vie quotidienne. Il y a même un groupe qui s’occupe de filmer les événements, de les monter et de poster leurs vidéos sur Internet. Tous les matins, la place est nettoyée. Pour voter, le système est simple, il suffit d’agiter les deux mains en l’air. Le mouvement est pacifique et s'inspire directement du Printemps Arabe. Deux semaines après le début des événements, la « Place du Soleil » est encore remplie aujourd’hui.






Faire entendre sa voix







Dans ce bouillonnement de démocratie, de forums de discussion et de liberté, quelques féministes ont été tentées de faire entendre leur voix. Assez difficilement. Panneau « La révolution sera féministe ou ne sera pas » arraché, réflexions machistes…il a fallu être motivé pour faire valoir leurs idées féministes. Face à un manque d’information criant, elles ont alors décidé de lancer un grand forum de discussions sur ces questions, dans l'esprit « le féminisme pour les débutants ». Afin de rappeler que le féminisme n’a pas pour but d’agresser les hommes. Pour encore clarifier leurs positions, elles ont publié un manifeste :












Manifeste féministe




Nous sommes sur la place parce que :

Nous voulons une société dans laquelle on place les gens au centre de tout et non les marchés. C’est pour cela que, face aux coupures dans les budgets sociaux, aux réformes de la loi du travail et des pensions, nous demandons au contraire la gratuité des services publics vitaux tels que l’enseignement, l'accueil de la petite enfance, pour les personnes dépendantes.


Nous voulons que tous et toutes s’engagent pour construire une société où il n’y aura pas de place pour les violences machistes dans toutes ses expressions : économiques, esthétiques, dans les relations de travail, physiques, psychologiques, sexuelles, institutionnelles, religieuses, sous forme d’exploitation du travail et sexuelle, etc.


Nous voulons décider librement de nos propres corps, en jouir et en disposer comme nous l’entendons.

Nous voulons l’avortement libre et gratuit et une éducation affective et sexuelle.

Nous voulons une société plurielle où l’on respecte les multiples façon de vivre son sexe et sa sexualité (lesbiennes, gays, intersexes, bisexuels, transexuels, transgenres…) et qu’on reconnaisse le droit à la sexualité dans toutes les étapes de la vie. Nous exigeons la dé-pathologisation des identités transgenres.

Nous exigeons que l’État et l’Église cessent d’interférer dans nos vies.

Pour qu’il y ait un changement réel dans la société, il faut prendre les décisions par consensus et que les femmes participent de manière décisive.

Il est vital de partir d’une perspective féministe dans la transformation du modèle économique et social pour le rendre au service des gens et de la planète, dans les services publics, dans la création d’un autre modèle de ville et de gestion du territoire, dans les politiques environnementales et agro-alimentaires.

Il est nécessaire que les femmes soient protagonistes dans ces processus de transformation sociale, politique et économique et dans les décisions qui se prennent pour y parvenir. Et aussi dans l’élaboration, l’exécution et l’évaluation de ces politiques.

Les questions qui touchent les femmes affectent toute la société et nous voulons qu’elles soient au cœur de l’agenda politique, économique et social.

Nous exigeons que les travailleuses domestiques soient intégrées dans le régime général de la sécurité sociale et aient droit à la négociation collective.

Nous exigeons que l’on comptabilise le travail domestique comme faisant partie de la richesse des pays.

Nous exigeons la reconnaissance des tâches d’attention aux personnes, dans les foyers, à la vie et à sa socialisation complète, ainsi que le droit de décider librement si nous voulons ou non élever et soigner, le droit à l’attention réglementée et le droit à l’auto-attention. En résumé, le droit à la citoyenneté.

Nous exigeons la répartition du travail et des richesses. Travailler moins pour travailler tous et toutes. Des conditions de travail et professionnelles dignes. La répartition égalitaire du travail productif et reproductif, un salaire et une reconnaissance égaux pour le travail des femmes et des hommes. Et que la richesse soit mise au service des classes populaires.

Nous exigeons la reconnaissance des droits des travailleuses sexuelles.

Nous exigeons des papiers pour tous et toutes pour que les femmes migrantes jouissent de leurs droits. Nous exigeons que l’on reconnaisse la citoyenneté des personnes sans conditions légales ni normatives, l’abrogation de la Loi sur les étrangers et des Centres d’internement pour étrangers.


Nous exigeons l’utilisation d’un langage qui nomme toutes les personnes et qui soit débarrassé de l’homophobie, du machisme, du classisme et du racisme.


Nous revendiquons que l’on valorise et reconnaisse les savoirs et les connaissances des femmes et leur fonction primordiale dans la transmission de la culture.

Nous voulons une école co-éducative.

Nous voulons une société où tous les types de familles et de groupes de vie communautaire puissent exister.

Nous rejetons l’hétéro-normativité et la féminité obligatoire.

Nous sommes contre les guerres, nous rejetons l’utilisation du corps des femmes comme arme de guerre et nous croyons qu’aucune intervention militaire ne peut garantir la paix. Non à la militarisation des sociétés, à la production et au commerce des armes.
Nous invitons pour cela à faire de l’objection fiscale.

Nous revendiquons la solidarité transnationale féministe comme instrument pour changer le monde. Dans toutes les places il y a des féministes indignées, nous souscrivons à leurs revendications et leur apportons tout notre soutien.


Il n’y a pas de révolution sans les femmes !

La révolution sera féministe ou ne sera pas !



Des petites phrase pas si innocentes




Les « féministes indignées » ont également été fortement touchées par certains mots, calicots et panneaux. On traite les politiciens de « fils de p… » et on sort des panneaux, comme celui-ci qui dit « Laissez les p… gouverner, puisque leurs fils nous ont laissés tomber » :









Ce à quoi les prostituées ont répondu : « Nous les p…insistons, les politiques ne sont pas nos fils ».












Un exemple parmi d’autres de petites phrases qui génnèrent un climat tendu entre hommes et femmes. Ce à quoi le mouvement féministe essaie de remédier, sous un logo crée pour l’occasion, qui reprend le signe de l’euro avec « des cornes de macho », dans un signe féminin et sur un drapeau gay/queer.














Paris, Athènes, Singapour…grâce aux réseaux sociaux, les manifestations de soutien se multiplient dans le monde entier. C’est vraiment admirable. Dommage que les manifestants soient parfois violement délogés.


















Le mouvement du 15 mai nous donne une leçon de démocratie et de féminisme. Ce qu’il en adviendra, personne ne peut encore le dire.










Les photos de l'article viennent du compte Flickr de Gaelx





Pour en savoir plus :























jeudi 26 mai 2011

"Déshabille-les toutes pour toujours"

Je vous parlais dans mon précédent article sur les jeux vidéo du jeu Duke Nukem Forever, le "Duc Atomise-les tous pour toujours" (sic). Il s'agit d'un jeu au scénario très élaboré dans lequel des Aliens débarquent sur terre pour piquer les filles les plus chaudasses de notre belle planète (?). Le marketing a pris un nouveau visage, (ou plutôt d'autres parties de l'anatomie humaine, vous le verrez dans les captures d'écran), celle d'un jeu sur navigateur internet, qui ressemble à un jeu de tir classique mais n'en est pas un : Duke Nudem Forever, ou "Duc Déshabille-les toutes pour toujours" (re-sic). Marketing machiste de base, qui considère tous les hommes comme des DSK en puissance ( pardon, présomption d'ignorance).

En effet, il s'agit de battre l'ordinateur pour avoir droit à un striptease en règle. Plus vous avancez dans le niveau, plus la fille se déshabille (c'est très motivant, je me suis moi-même prise au jeu, c'est dire). Plus vous passez les niveaux, plus la fille est belle, et, surtout, à chaque niveau passé, vous avez droit à un fond d'écran gratuit mettant en scène la fille du niveau dans une position plus que suggestive. Mieux, comme si tout ça n'était pas déjà assez motivant, il faut battre les trois premières filles pour avoir le droit de mater la quatrième.

Une fois la fille battue, un "defeated" rouge barre sa photo, prise seins nus. Je vous passe les grognements de votre personnages devant les filles qui retirent leurs vêtement (cela va de "Oh yeah" à "Who's your daddy"). Une fois la fille battue, un v rouge apparaît en dessous d'elle, signe que "vous l'avez eu".


Le jeu est interdit au moins de 16 ans bien sûr. Pour tout contrôle, on vous demande votre âge. J'ai décidé de dire que j'avais 1600 ans. Et j'ai pu jouer.




On vous amuse même pendant le temps de chargement...



Vos quatre choix, chacune joue avec une arme différente. Pour débloquer la quatrième, il faut être motivé. Ca tombe bien, je l'étais.


Le jeu de tir, si vous avez Vicky :





Vous avez gagné, Vicky va vous montrer son soutif :



Et hop, vous l'avez encore battue, Vicky est ravie de vous montrer sa culotte:



Vous avez eu Vicky, bravo !



Allez hop, fond d'écran gratuit :



Et c'est comme ça pour toutes les filles :





Joli "la culotte propagande américaine":






Oh allez, un petit sourire :



Aaaah, c'est mieux :


Et voilà. Pas grand-chose? Disons que des armes et des "meufs à poil" sont les seuls arguments du jeu. C'est peut-être un peu léger de ne viser que les machos de base. Surtout que, si le personnage masculin se déshabille lui aussi quand il perd, on n'en voit pas un seul téton. Vraiment dommage, beau comme il est...

mercredi 25 mai 2011

Shortbus, au cœur de l’orgasme féminin

Shortbus, véritable ovni cinématographique sorti en 2006, s’attache à la quête de l’orgasme féminin. Il nous montre sans détour un New York post-11 septembre dans lequel des New-Yorkais se retrouvent dans le « Shortbus » (parodie des bus scolaires américains qui transportent les enfants surdoués) pour oublier leur solitude.

@http://www.soundonsight.org/


Lors d’une discussion avec un ami qui se reconnaîtra, on en est venu à parler de ma conception de ma sexualité. Et il paraît que je ne semble pas avoir une vision saine de la sexualité. Parce que je critique l’exploitation sexuelle des femmes dans la publicité ou la pornographie. Comme si cela montrait « une conception saine de la sexualité ». Enfin bref, me voilà à parler d’un film qui a reçu beaucoup de critiques à cause de son caractère « pornographique ». Et moi j’ai adoré. Effectivement, le sexe y est cru, on ne nous ménage rien, au point de se demander pourquoi le film a été classé interdit au moins de 16 ans et pas interdit au moins de 18.


Sophia (Sook-Yink Lee) est une sexologue. Elle reçoit tous les jours des couples qui ont des problèmes dans leur sexualité. Et pourtant, elle-même n’est pas complètement épanouie. Elle n’a jamais eu d’orgasme. Quand un couple homosexuel qu’elle traite l’apprend, les rôles s’inversent et ils lui conseillent de faire un tour avec eux dans le « New York underground » de l’après-11 septembre. Ils se rendent dans le Shortbus, un endroit de grande liberté où l’on peut voir des films d’auteurs (« plus ils regardent des films chiants, plus ils se croient intelligents »), discuter d’arts ou de politiques, boire un verre ou jouir tout simplement, dans une ambiance très hippie. Sophia y rencontre des personnages tous plus attachants les uns que les autres, dont un homosexuel, ancien prostitué, fou amoureux mais dépressif ou une escort-girl sadomaso qui ne supporte pas de s’appeler Jennifer Aniston. Chacun à la recherche d’eux-mêmes dans le milieu de la nuit où l’on ne juge pas celui qui demande de l’aide.


@http://www.moviemail-online.co.uk/



John Cameron Mitchell insuffle une vraie recherche esthétique à son film. La scène d’ouverture est d’ailleurs très intéressante de ce point de vue. Dans un New York en carton-pâte, la caméra vole de fenêtre en fenêtre pour nous montrer ce qu’il s’y passe. Une manière de nous faire entrer dans la vie quotidienne des habitants de l’une des villes les plus densément peuplé du monde. On rit souvent, car Mitchell a su utiliser un humour décalé, qui fait mouche (la scène avec l’œuf vibrant est vraiment réussie, ainsi qu’un hymne national américain chanté dans un endroit plus qu’insolite). La musique est envoutante et il faut également saluer la performance des acteurs, non professionnels, tous novices dans le cinéma. Ils jouent extrêmement bien ces personnages perdus, à un tournant de leur vie.


@http://www.altfg.com/


Attention donc, ce film n’est pas à mettre devant tous les yeux. Mais ce n’est pas un film pornographique. Les relations sont montrées crues c’est vrai, mais ici cela sert un scénario, un but précis. Le sexe n’est pas mécanique, sans raison. Les relations sexuelles sont souvent tristes. Rien à voir avec la pornographie, qui montre un monde facile, dans lequel les femmes ne disent jamais non et jouissent (simulent) toujours. La pornographie ne montre pas nos peurs, nos tristesses, nos faiblesses, nos fêlures ou nos joies, comme le fait Shortbus. On ne montre pas du sexe pour montrer du sexe mais pour montrer le rôle du sexe dans nos vies, et comment il peut parfois devenir une obsession.


Voilà enfin une bonne manière d’entamer le sujet de l’orgasme féminin, d’une manière crue, peut-être, mais pas fade. Sophia n’a pas d’orgasme mais n’ose pas le dire à son mari. Elle part à la recherche de la jouissance mais aussi un peu d’elle-même. Le sujet du film est notre sexualité. Une sexualité qui rapproche parfois, mais qui sépare plus souvent. Faire un film sur la sexualité sans montrer la sexualité, voilà qui aurait été bizarre.



@http://www.allmoviephoto.com/


@http://www.sfgate.com/



Hymne à la jouissance, dans le respect de l’autre et dans son propre respect, Shortbus est différent de tout ce que j’ai pu voir. Je ne suis pas une puritaine catho qui parle à Jésus la nuit. Je préfère parler avec mon copain. Je ne suis pas contre la sexualité, part importante de nos vies. Je suis contre ceux qui essaient de nous imposer une certaine conception de la sexualité, toujours hétérosexuelle et machiste. De ce film, on ressort avec une profonde mélancolie. Mais aussi avec un grand sentiment de liberté. A voir absolument (en étant prévenu), pour sortir des sentiers battus.


Shortbus - Bande annonce Vost FR

mardi 24 mai 2011

Se montrer pour se montrer féministe

L’actrice germano-turque, Sila Sahin, pose nue en couverture du Playboy allemand de mai pour se libérer du poids que fait peser la religion musulmane et la tradition sur les femmes. Le groupe féministe ukrainien Femen manifeste souvent seins nus dans les rues. Beyoncé sort le premier single de son prochain album, Run the world (Girls), au clip controversé. Qu’est-ce qu’on toutes ces femmes en commun ? L’expression d’un « féminisme dénudé », dans lequel montrer son corps soutien une cause plus large. Est-ce vraiment du féminisme ? Le message féministe passe-t-il ?



Sila Sahin joue dans des séries télévisées allemandes. Mais depuis la sortie du magazine Playboy du mois de mai en Allemagne, elle crée aussi le buzz. Sa photo en couverture fait polémique. Elle l’explique : «Trop longtemps, j'ai voulu mener une vie juste et telle qu'on me l'avait toujours imposée. Aujourd'hui, j'espère montrer aux femmes musulmanes qu'elles peuvent vivre comme elles le veulent, avec excès ou sobriété, mais librement». Elle parle d’un acte total de libération et sa démarche est qualifiée d’islamo-féminisme.


Instrumentaliser son corps pour faire parler de son combat


Seulement voilà, j’ai du mal à comprendre. Très bien, son buzz fait parler de la condition de la femme dans certaines familles musulmanes en Allemagne. Mais très peu. Il faut remarquer que le débat s’est tout de suite recentré sur la question de savoir si une femme peut, ou non, poser dans Playboy et en parler comme en étant une démarche féministe. Donc, on voit déjà que son acte, tout engagé qu’il soit, rate sa cible. Ensuite, comment une féministe peut dénoncer une instrumentalisation du corps de la femme par la religion en tombant dans une autre forme d’instrumentalisation ? Un homme qui achète son magazine Playboy préféré et n’est pas au courant des débat concernant la photo de Sila Sahin va-t-il comprendre qu’il s’agit de féminisme ?



@http://13thfloorgrowingold.wordpress.com/




C’est là que le débat est le plus vif. D’un coté, la sociologue Eliane Palin analyse l’image dans le journal Le Matin : «La photo de Playboy est très construite. La jeune femme vous regarde droit dans les yeux, d'un air farouche qui vous tient à distance. Elle est séduisante mais pas séductrice. La mise en scène nous dit qu'il ne s'agit pas d'une femme facile. Regardez d'ailleurs la main qui protège son sexe ».


Mais d’autres ne sont pas d’accord. « Madame Perrin tend à atténuer l’impact de séduction de cette image. Je m’inscris en faux contre cette lecture. Le regard droit dans les yeux avec la tête un peu penchée vers le bas est au contraire une invitation. La main derrière la tête dans les cheveux montre qu’elle ouvre et n’interdit pas l’approche. Quand à l'autre main, je doute fort qu’elle protège son sexe. Il suffit de voir précisément la position de l’index et du majeur, le pouce négligemment glissé sous le tissu et les jambes écartées pour comprendre qu’elle ne protège pas son sexe mais est prête à s’en servir elle-même ou nous inviter à le faire. En réalité, jusqu’au tissus mouillé, tout montre la séductrice. Et les photos intérieures du magazine, visibles sur le net, ne laissent que peu de place à une distance intellectuelle ». Et je suis plutôt d’accord avec cette analyse, venant d’un homme.



Femme-objet


De plus, la communauté turque dénonce le fait que l’actrice, associée à un magazine comme Playboy, se sert du thème de l’intégration pour se faire de la pub et faire de la pub à Playboy. Sur les photos intérieures, on peut voir l’actrice, recouverte d’un voile transparent sur la tête, laissant le reste de son corps nu. De nombreuses turques s’élèvent contre une certaine vision de la religion musulmane montrée et utilisée par Playboy dans ces photos. Sans oublier qu’elles estiment que Sila Sahin agit de son propre chef, qu’il s’agit d’un acte individuel et qu’elle n’est pas une représentante de sa communauté. D’aucuns estiment aussi qu’elle fait passer le message qu’il faut montrer son corps nu pour montrer qu’on est intégré dans la société allemande. Beaucoup d’allemandes de souche ne sont pas intégrées si on pense de cette manière.


La démarche féministe a depuis longtemps dénoncé l’utilisation de la femme-objet dans la pornographie ou la publicité. Les photos de Sila Sahin ne risque-t-elle pas de décrédibiliser ce débat, pourtant toujours plus d’actualité ?


Le droit de disposer de son corps



Bien sûr la femme a le droit de disposer de son corps. Bien sûr Sila Sahin a le droit de poser nue dans Playboy si elle le souhaite, et de ressentir cela comme un acte de libération personnelle. Mais le défendre comme étant du féminisme peut sembler étrange. Son acte en devient très difficile à lire et n’est plus symbolique ou politique, mais devient uniquement esthétique. C’est le contraire que l’on voit avec les femmes ukrainiennes qui manifestent seins nus pour Femen. C’est un lieu symbolique qui est investi, la rue, pour montrer que les femmes ont le droit de se débarrasser de la pression sociale. Pas de photos construites ici, pas de poses suggestives, justes des femmes qui manifestent et qui poussent encore plus loin la logique des féministes des années 70 qui n’avaient pas hésité à brûler leurs soutiens-gorges en signe de liberté. Elles avouent que le fait de se montrer seins nus permet de faire parler de leur combat, combat contre le machisme ambiant de la société ukrainienne, contre les violences domestiques, contre les inégalités... Elles disent bien « faire parler de leur combat », pas faire parler d’elles personnellement. Voilà une expression du féminisme plus facile à déchiffrer et à comprendre. Sans compter qu’elles ne gagnent évidemment pas d’argent pour manifester, à la différence de faire la couverture de Playboy. Elles n'y gagnent que des ennuis.



@http://lvivcafe.com/


@http://lvivcafe.com/


@http://news.kievukraine.info/




S’opposer aux hommes pour être féministe ?



Cette tendance au « féminisme dénudé » est aussi visible dans le dernier clip de Beyoncé. La chanteuse a toujours eu une démarche assez contradictoire, prônant l’indépendance des femmes dans des clips instrumentalisant leurs corps. Son dernier titre va encore plus loin, en exprimant clairement que les femmes gouvernent le monde. D’abord, on peut dire que c’est faux. Quel monde domine les femmes ? Est-ce qu’il faut obligatoirement dominer ? Une majorité d’hommes sont au pouvoir et si on dit qu’il y a une femme derrière chaque homme important, c’est l’homme que l’Histoire retient. Si elle parle du fait que la femme gouverne de chez elle, qu’elle gouverne dans son foyer, on ne peut pas dire qu’on parle ici d’une vraie émancipation de la femme. Et que voit-on dans le clip ? D’abord, Beyoncé toujours dans des robes qui ne cachent pas grand-chose, danse avec ses danseuses encore plus dénudées (spécial dédicace aux porte-jarretelles) sur un rythme répétitif à l’extrême. Les femmes s’opposent aux hommes dans deux clans qui semblent prêts à se combattre. Personne n'a remarqué qui s'ils devaient vraiment se battre, les femmes à moitié nue n'avaient pas beaucoup de chances face aux hommes en vêtmetns anit-émeutes et matraques.




Le féminisme serait donc de combattre les hommes en porte-jarretelles et en gueulant qu’on gouverne le monde ? Mouais. Le message derrière, c’est encore une fois que pour être féministe, il faut marcher sur les hommes. C’est faux. Au contraire, les femmes devront s’associer aux hommes pour pouvoir s’émanciper et être totalement égales aux hommes. Sans eux, ce sera impossible. Pas question de les combattre, ou de « dominer à leur place ». Rappelons que le féminisme cherche l’égalité entre hommes et femmes.






La parodie est déjà en marche avec un "Who fuck the girls? Boys" de très bon goût. Et grosse polémique car elle aurait utilisé le beat d'une chanson de Major Lazer :







Féministe, Beyoncé ? Je ne pourrais pas répondre, mais son dernier clip ne l’est pas. Beaucoup de fans se montrent d’ailleurs très sceptiques sur son évolution et celles de ses chansons. Ils se souviennent qu’au temps des Destiny Childs, elle chantait dans le titre Nasty Girl : “Nasty, put some clothes on, I told ya […] You make it hard for women like me, who try to have some integrity/ you make it hard for girls like myself, who respect themselves and have dignity”.




En 2000, chanson Independant Women ("The shoes on my feetI've bought it, the clothes I'm wearingI've bought it, the rock I'm rockin'I've bought it, 'cause I depend on me")








Morceau Nasty Girl en 2002 (ici, avec des images de clips faitS après cette chanson, qui montre une Beyoncé très "nasty")








En 2003, Naugty Girl ("Tonight, i'll be your naughty girl, I know you want my body [...] I'm all yours boy")










Alors peut-on montrer son corps pour soutenir des causes féministes ? Pourquoi pas. Tout dépend de la manière dont c’est fait.



A lire :

Article du journal Le Matin : http://www.lematin.ch/tendances/montrer-seins-feministe-410333



dimanche 22 mai 2011

Quand Touring s'occupe de vous

Touring, compagnie d'assurance, vient de lancer une nouvelle publicité pour faire connaître ses services. Mesdames, Messieurs, on va s'ocuper de vous, accompagné d'une femme ou d'un homme dans une position lascive, le message des affiches est clair.

Touring répare votre voiture et propose de vous occuper agréablement pendant ce temps. Cette campagne d'un mauvais goût certain utilise le corps de la femme comme un objet, offert en plus de la réparation. Touring se justifie par le fait qu'il existe aussi une affiche avec un homme. Comme si le fait d'utiliser le corps masculin comme un objet lui aussi pouvait les dédouaner du sexisme de cette publicité.

Certains remarquent qu'on voit d'ailleurs beaucoup plus les affiches mettant en scène la femme. Et surtout, on peut dénoncer le caractère mensonger de la campagne, créé par l'image accompagnant le slogan. Comme si Touring allait envoyer une femme magnifique en mini-jupe pour vous occuper pendant la réparation de votre automobile.




@http://www.touring-assurances.be/



A titre de comparaison, il y a quelques années une campagne de publicité pour la PSP de Sony mettait en scène une femme blanche soumettant un homme noir. Le caractère raciste et sexiste de ces publicités n'a pas été amoindri par le fait qu'il existait aussi l'inverse, une affiche avec une femme noire soumettant une femme blanche. La campagne a été entièrement censurée.







@http://blogs.warwick.ac.uk/









@http://kotaku.com/



Et le Jury d'Ethique Publicitaire (JEP), il dort ?





Pour en savoir plus:

Campagne Touring :
http://www.touring-assurances.be/assurance/promotion/hf.htm