Dans le monde entier, une femme sur cinq connaîtra un viol ou une tentative de viol dans sa vie. Des femmes se font régulièrement violées en Afrique du Sud parce qu’elles sont lesbiennes. Au Congo, le viol est l’arme de guerre la plus utilisée. Plus près de chez nous, en France, 75 000 femmes sont violées par an. En Belgique, il y a 7 viols par jour. Des chiffres inquiétants pour une réalité qui l’est encore plus.
Le Code Pénal Belge définit le viol comme « Tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu’il soit et par quelque moyen que ce soit, commis sur une personne qui n’y consent pas, par violence, contrainte, menace ou surprise ». On parle de pénétration sexuelle, qui peut être vaginale, anale ou orale. Forcer quelqu’un à faire une fellation est donc un viol. De plus, la définition introduit une précision importante : est appelé viol la relation sexuelle contrainte par la force physique, mais aussi celle contrainte psychologiquement. Le viol fait partie des abus sexuels avec l’agression sexuelle, qui se caractérise par l’absence de pénétration. Une définition plus humaine s’attache à le définir comme « un acte de violence sexuelle commis par quelqu’un qui ne respecte pas le désir ou la parole de l’autre ». Le viol est un crime, passible de la Cour d’Assisse, la plus haute juridiction du pays.
Pourtant, le viol reste l’un des crimes les moins signalés. En cause ? Le sentiment de culpabilité des victimes, la honte, la peur de représailles… Il faut dire qu’il y a encore du travail pour faire reconnaître à la victime son statut de victime. On culpabilise la femme sans aucun scrupule. Combien de fois n’a-t-on pas entendu : « elle l’a bien cherchée », « c’est une allumeuse », « tu as vu comment elle est habillée » ? Des propos à combattre, parce qu’une femme a encore le droit de s’habiller comme elle le veut. Parce que mettre une mini-jupe, par exemple, ne veut pas dire qu’on est disponible pour le plaisir des hommes. Souvent mettre une mini-jupe relève plus d’un processus narcissique, se sentir jolie, que d’une envie de se faire agresser (c’est étonnant !).
Un crime sans victime
On peut même dire que le viol est le seul crime pour lequel on refuse le statut de victime à la femme agressée. En Arabie Saoudite, la femme violée est passible de la peine de mort, parce qu’elle a été en contact avec un homme étranger à sa famille. De quoi dissuader toute plainte. Dans l’Italie de Berlusconi, il est reconnu comme circonstance atténuante pour l’agresseur que la femme porte un jeans. Le jugement d’un directeur d’auto-école (qui avait violé une de ses élèves) dit que retirer un jeans par la force est impossible et que la femme est donc forcément consentante). Un jugement qui fera jurisprudence. Le même Berlusconi a d’ailleurs expliqué qu’il était impossible d’enrayer le problème du viol en Italie, les femmes italiennes étant beaucoup trop belles. Ici, j’ai déjà entendu que violer un enfant était pire que violer une femme. Parce qu’une femme n’est plus vierge (sic), donc sait déjà ce que ça fait… Il y a encore beaucoup à entreprendre pour faire évoluer les mentalités. Oui, le viol d’un enfant est dramatique, oui ça le détruit à vie. Mais c’est pareil pour une femme, vierge ou pas. Le viol touche à l’intimité profonde. La reconstruction est lente et jamais complètement acquise. S’il y a en plus des gens pour dire que ce n’est pas grave ou que la femme est en partie responsable, la reconstruction pourrait bien ne jamais se faire. De même, voir l’agresseur être puni peut aider la victime. Pourtant, c’est rarement le cas.
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Il faut peut-être parler d’un phénomène qui prend de l’importance, l’intérêt que portent les films pornographiques à la question. Il existe des sites entièrement consacrés aux viols. Des actes violents, avec profusion de sang. Des hommes jouissent en regardant des femmes se faire violées, actrices ou pas. Voilà la réalité (http://www.raped-tube.com/, si vous croyez que le monde du porno ressemble à la série Xanadu, en voilà pour vos frais après une simple recherche Google).
De plus, le porno mainstream (« grand public », c’est ironique) s’intéresse aussi aux viols, des femmes se font violées mais finissent par aimer ça. Se faire frapper est bon. Se faire forcer est génial. Un non devient un « oh oui ». Comment ne pas donner l’impression que le viol est un moindre mal, qu’une femme ne peut qu’ « aimer ça ». Une étude menée par Richard Poulin, un sociologue canadien, a révélée qu’un homme sur deux, après avoir regardé un film pornographique violent (ce qui est la norme aujourd’hui) serait prêt à violer s’il n’était pas vu ou s’il n’avait aucune chance d’être pris. Terrifiant. Un reportage d’Envoyé Spécial s’est aussi concentré sur un violeur en série qui avait violé sept femmes après avoir vu le film Irréversible. Un film dans lequel la scène de viol dure de longues minutes et n’est pas du tout suggérée. Si le but du film était de dénoncer le viol, l’effet est raté.
Sans oublier la publicté qui s'en amuse dans ses visuels :
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En attendant quand une plateforme comme Osez le féminisme (qui publie un magazine et tient un site web), lance une campagne contre le viol, on en profite pour la tourner en dérision sur Internet avec une autre de leur campagne sur le clitoris (il s’agit de faire parler de cet organe mal connu, mal aimé, parfois même excisé). Et ça donne une équation de très bon goût :
Les clips de la campagne contre le viol :
Violer pour guérir
En Afrique du Sud, ce fut révélé récemment, des femmes se font violées parce qu’elles sont lesbiennes. Il faut les « guérir ». Pourtant, certaines mourront du sida après avoir été contaminées par leurs agresseurs. Ces expéditions de « viols correctifs » s’ajoutent aux « viols punitifs », dans lesquels c’est la famille qui décide de faire violer sa fille ou sa femme pour la punir, quelle que soit la raison. En France, dans huit cas de viols sur dix, la victime connaît son agresseur.
Au Congo, les guerres qui se succèdent, les clans qui s’affrontent créent leur lot de malheurs. Parmi ceux-ci, le viol systématique des femmes de l’autre clan. Avec cette « technique », les agresseurs sont certains de briser les solidarités familiales, le tissu social des villages. Ils pillent les villages, les corps et les esprits. Les victimes de viols seront souvent rejetées dans leur famille, déshonorées. Et c’est encore pire si elles tombent enceintes. Le village est détruit.
@http://www.jeuneafrique.com/
Le viol est l’expression de la domination de l’homme sur la femme. Souvent d’ailleurs, l’excitation provient moins de l’acte sexuel que de l’impression de domination qu’il engendre. On pourrait rétorquer que des hommes se font violer. Bien souvent quand c’est le cas, les hommes se font violer par d’autres hommes. Ce n’en est pas moins grave, mais ce n’est pas là l’expression de la domination d’un genre sur un autre. Souvent, il s'agit plus d'humiliation que de domination.
Certains (certaines) essaient de trouver des moyens pour empêcher le viol. Une chercheuse a ainsi mis au point un préservatif anti-viol à l’occasion de la Coupe du Monde en Afrique du Sud qui a entrainé une augmentation des viols dans ce pays. Il s’agit d’un préservatif qui se porte comme un tampon. La femme le porte préventivement. Si un homme la pénètre, il ne pourra pas sortir sans lacérations ou blessures à cause de petits harpons qui « accrochent » le pénis. Il faudra un acte chirurgical (je vois déjà la tête des garçons qui lisent cet article) pour le retirer. Cette solution a entrainé des réactions très négatives, certains arguant que cela pourrait décupler la violence de l’agresseur, « comment ajouter l’assassinat au viol ». Mais en attendant, rien de mieux n’a été trouvé. En plus d’empêcher l’homme de continuer l’acte sexuel non consenti, ce préservatif permet d’identifier sans aucun doute (sic) le violeur. Et ouvre (peut-être) la voie à sa punition. Qu’il faille en arriver à de tels extrêmes pour éviter un viol est, encore une fois, terrifiant.
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Pour plus d'informations :
SOS VIOL
La loi
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