“Tu veux que je sois vierge, que je sois une sainte, que je sois soumise…J’en ai ras le bol de toi”
Le mouvement, commencé le 15 mai, est organisé. Différents groupes gèrent tous les aspects de la vie quotidienne. Il y a même un groupe qui s’occupe de filmer les événements, de les monter et de poster leurs vidéos sur Internet. Tous les matins, la place est nettoyée. Pour voter, le système est simple, il suffit d’agiter les deux mains en l’air. Le mouvement est pacifique et s'inspire directement du Printemps Arabe. Deux semaines après le début des événements, la « Place du Soleil » est encore remplie aujourd’hui.
Nous sommes sur la place parce que :
Nous voulons une société dans laquelle on place les gens au centre de tout et non les marchés. C’est pour cela que, face aux coupures dans les budgets sociaux, aux réformes de la loi du travail et des pensions, nous demandons au contraire la gratuité des services publics vitaux tels que l’enseignement, l'accueil de la petite enfance, pour les personnes dépendantes.
Nous voulons que tous et toutes s’engagent pour construire une société où il n’y aura pas de place pour les violences machistes dans toutes ses expressions : économiques, esthétiques, dans les relations de travail, physiques, psychologiques, sexuelles, institutionnelles, religieuses, sous forme d’exploitation du travail et sexuelle, etc.
Nous voulons décider librement de nos propres corps, en jouir et en disposer comme nous l’entendons.
Nous voulons l’avortement libre et gratuit et une éducation affective et sexuelle.
Nous voulons une société plurielle où l’on respecte les multiples façon de vivre son sexe et sa sexualité (lesbiennes, gays, intersexes, bisexuels, transexuels, transgenres…) et qu’on reconnaisse le droit à la sexualité dans toutes les étapes de la vie. Nous exigeons la dé-pathologisation des identités transgenres.
Nous exigeons que l’État et l’Église cessent d’interférer dans nos vies.
Pour qu’il y ait un changement réel dans la société, il faut prendre les décisions par consensus et que les femmes participent de manière décisive.
Il est vital de partir d’une perspective féministe dans la transformation du modèle économique et social pour le rendre au service des gens et de la planète, dans les services publics, dans la création d’un autre modèle de ville et de gestion du territoire, dans les politiques environnementales et agro-alimentaires.
Il est nécessaire que les femmes soient protagonistes dans ces processus de transformation sociale, politique et économique et dans les décisions qui se prennent pour y parvenir. Et aussi dans l’élaboration, l’exécution et l’évaluation de ces politiques.
Les questions qui touchent les femmes affectent toute la société et nous voulons qu’elles soient au cœur de l’agenda politique, économique et social.
Nous exigeons que les travailleuses domestiques soient intégrées dans le régime général de la sécurité sociale et aient droit à la négociation collective.
Nous exigeons que l’on comptabilise le travail domestique comme faisant partie de la richesse des pays.
Nous exigeons la reconnaissance des tâches d’attention aux personnes, dans les foyers, à la vie et à sa socialisation complète, ainsi que le droit de décider librement si nous voulons ou non élever et soigner, le droit à l’attention réglementée et le droit à l’auto-attention. En résumé, le droit à la citoyenneté.
Nous exigeons la répartition du travail et des richesses. Travailler moins pour travailler tous et toutes. Des conditions de travail et professionnelles dignes. La répartition égalitaire du travail productif et reproductif, un salaire et une reconnaissance égaux pour le travail des femmes et des hommes. Et que la richesse soit mise au service des classes populaires.
Nous exigeons la reconnaissance des droits des travailleuses sexuelles.
Nous exigeons des papiers pour tous et toutes pour que les femmes migrantes jouissent de leurs droits. Nous exigeons que l’on reconnaisse la citoyenneté des personnes sans conditions légales ni normatives, l’abrogation de la Loi sur les étrangers et des Centres d’internement pour étrangers.
Nous exigeons l’utilisation d’un langage qui nomme toutes les personnes et qui soit débarrassé de l’homophobie, du machisme, du classisme et du racisme.
Nous revendiquons que l’on valorise et reconnaisse les savoirs et les connaissances des femmes et leur fonction primordiale dans la transmission de la culture.
Nous voulons une école co-éducative.
Nous voulons une société où tous les types de familles et de groupes de vie communautaire puissent exister.
Nous rejetons l’hétéro-normativité et la féminité obligatoire.
Nous sommes contre les guerres, nous rejetons l’utilisation du corps des femmes comme arme de guerre et nous croyons qu’aucune intervention militaire ne peut garantir la paix. Non à la militarisation des sociétés, à la production et au commerce des armes.
Nous invitons pour cela à faire de l’objection fiscale.
Nous revendiquons la solidarité transnationale féministe comme instrument pour changer le monde. Dans toutes les places il y a des féministes indignées, nous souscrivons à leurs revendications et leur apportons tout notre soutien.
Il n’y a pas de révolution sans les femmes !
La révolution sera féministe ou ne sera pas !
Des petites phrase pas si innocentes
Les « féministes indignées » ont également été fortement touchées par certains mots, calicots et panneaux. On traite les politiciens de « fils de p… » et on sort des panneaux, comme celui-ci qui dit « Laissez les p… gouverner, puisque leurs fils nous ont laissés tomber » :
Ce à quoi les prostituées ont répondu : « Nous les p…insistons, les politiques ne sont pas nos fils ».
Un exemple parmi d’autres de petites phrases qui génnèrent un climat tendu entre hommes et femmes. Ce à quoi le mouvement féministe essaie de remédier, sous un logo crée pour l’occasion, qui reprend le signe de l’euro avec « des cornes de macho », dans un signe féminin et sur un drapeau gay/queer.
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