dimanche 27 mars 2011

Au cœur de la manifestation « pro-vie » à Bruxelles

Ce dimanche 27 mars 2011, je prends mon courage à deux mains pour suivre la manifestation « pro-vie » dans les rues de Bruxelles. Pas toujours facile de comprendre comment on peut remettre en question, au XXI siècle, une loi progressiste, votée 20 ans auparavant à une large majorité.




Les rues de Bruxelles étaient remplies ce dimanche après-midi par des manifestants très engagés. Roses blanches et rouges à la main, pancartes culpabilisantes, religieux en bure, religieuses en soutane, chapelets, prières et chansons écrites pour l'occasion, plus de 3.000 personnes se sont donné rendez-vous du Monts des Arts à la Place Poelaerts pour réclamer l’annulation du droit à l’avortement. Plusieurs pays étaient représentés par les différentes délégations qui défilaient dans nos rues au son d'une cornemuse (le joueur avait d'ailleurs la tête de celui qui ne sait pas très bien ce qu'il fait là). "On est pas là pour juger, ni condamner les femmes qui ont avorté", "on est là pour faire passer un message d'amour", "les femmes qui avortent ne sont pas soutenues par leurs famille","l'avortement concerne tout le monde, les protestants, les musulmans, les juifs, on a tous été des embryons", "une femme qui avorte est malheureuse après", "il ne faut pas banaliser l'avortement".... Son d'ambiance de la manifestation-Chants :


On a même eu droit au témoignage d'une femme qui regrettait avoir avortée...sans avoir, bien sûr, la version de celles qui ne le regrettaient pas. Et attention ça ne rigole pas, Monseigneur Léonard (et ses trois gardes du corps) avait fait le déplacement pour un discours vitriolé dans lequel il exorte les hommes et femmes politiques à "s'illuminer" et à faire à nouveau interdire l'avortement. Le tout sous des applaudissement nourris.

Extraits de son discours:







Une femme sort de la place en criant "vive la vie", une autre accroche à son enfant, trop petit pour savoir ce qu'il se passe, un ballon "j'aime la vie".

  A la place d'Espagne, la ligue des Famille, le Centre d'Action Laïc et des planning familiaux avaient organisé une contre-manifestation de 300 manifestants. Ici aussi, les mères ont amené leurs enfants, qui se font maquillés et jouent dans un château gonflable.

Réaction au fait que les anti-IVG font témoigner une femme qui regrette son avortement:





@Michèle Loijens


Mais la plupart porte un t-shirt avec l'inscription "c'est mon choix" au niveau du ventre. Les pancartes disent "ma maman m'a voulu", "la liberté c'est de pouvoir choisir", "Touche pas à ma loi, touche pas à mon choix", "Gardez vos prières loin de nos ovaires"... On a aussi dégainé les personnalités avec Isabelle Durand et les co-auteur de la loi de 1990, qui rappelle qu'elle été votée à une large majorité et qu'il ne faut pas retourner en arrière. L'occasion de rappeler qu'en Belgique, on oblige aucune femme à avorter. Un argument entendu dans les discours de la manifestation anti-IVG. J'en ressors avec l'impression d'une manifestation beaucoup plus digne, moins intrusive et surtout moins culpabilisante.

@Michèle Loijens



@Michèle Loijens



Car, que des américains conservateurs "pro-life" viennent dire aux mères belges quoi faire de leur ventre me semble un peu déplacé. Pareil pour le fait que leur porte-parole le plus mis en avant (Léonard) soit quelqu'un qui, de par sa fonction même, ne peut pas faire d'enfants.
Pour en savoir plus :

http://www.lesoir.be/actualite/belgique/2011-03-27/mgr-leonard-defile-contre-l-avortement-830757.php

http://www.rtlinfo.be/videos/19h/292607

samedi 26 mars 2011

Parce que l’avortement est un droit

Demain, des jeunes, qui se disent « pro-vie » vont manifester contre l’avortement à Bruxelles (mais quelle vie pour un enfant non désiré et ses parents ?). Le collectif d’étudiant qui organise cette marche pour la vie se justifie en disant qu’ils défendent les droits de l’homme. Et les droits de la femme ?


Les féministes se sont battues pour que le droit à l’avortement soit reconnu. Et si ça a posé problème au roi Baudouin, dit le frustré, la loi est quand même passée, et heureusement. Parce que l’avortement est un droit. C’est indiscutable.




@http://www.elle.fr



Enfant désiré = enfant heureux

D’abord, il s’agit du droit des femmes à disposer de leurs corps. Que cela vous plaise ou non, chaque femme fait ce qu’elle veut de son utérus. Personne n’a le droit de l’obliger à garder un enfant. Est-ce qu’on légifère sur ce que les hommes peuvent faire de leur sperme ? Non, c’est leur corps, personne ne peut leur dire quoi en faire. Pourquoi les choses seraient-elles différentes pour la femme ?

C’est même pire, souvent la contraception est l’affaire de la femme. A elle de prendre la pilule. La pilule a été une grande avancée pour la femme, elle lui permet de réguler elle-même sa contraception, mais c’est étrange que quand on réfléchit au sexe de la femme, on crée la pilule et que quand on réfléchit au sexe de l’homme, le viagra nait. Donc, quand on pense au sexe de la femme, on pense reproduction et quand on pense au sexe de l’homme, on pense performance. Le préservatif est utilisé au début de la relation, mais dès que cela devient sérieux et qu’on a fait tous les tests nécessaires, on l’abandonne au profit de la pilule. Pourtant, une pilule contraceptive pour homme est en train d’être mis au point. Qui en a entendu parler ici ? Messieurs seriez- vous prêts à l’utiliser ? Il y a en tout cas beaucoup de réticence et de réactions négatives autour de ce projet. En matière de contraception, les hommes préfèrent s’en remettent à leur compagne. Ils se sentent moins concernés par la contraception car une relation sexuelle n’a pas de conséquence pour leur corps. Il ne risque pas de tomber enceinte.


Mais voilà, une femme peut tomber enceinte, même quand cela n’est pas désiré et que toutes les précautions ont été prises. On peut tomber enceinte en prenant la pilule, ce n’est pas infaillible. Alors quoi, on garde l’enfant ? Même si on 16 ans ? Même si on ne travaille pas encore ? Est-on obligée d’arrêter ses études ? Et si on est au chômage ? Et si on a déjà cinq enfants ?



@http://www.elle.be


Un enfant non désiré ne sera pas heureux. Sa mère et son père non plus. Vous croyez qu’il est préférable qu’une femme avorte, ou qu’elle commettent un infanticide et cache l’enfant dans son congélo quand il aura quatre ans ? Un embryon est un embryon. Ce n’est pas encore un enfant. Il n’a pas de cerveau, il ne réfléchit pas, il n’a pas peur, pas d’envies, pas de mémoire. Vous vous souvenez de quand vous étiez embryon vous ? Qu’on arrête de mettre la pression sur le corps des femmes pour après les condamner quand elle pète un câble et tue leur enfant. C’est la société qui crée ces réactions tragiques et c’est la société qui les réprime.




Et si l’embryon provient d’un viol ? Une femme devrait accoucher d’un enfant qu’elle haïra toute sa vie parce qu’il lui rappellera une agression physique et psychologique. Celles qui ont le courage de le faire le peuvent, le contraire doit être possible.




Il n’y a aucune raison de juger les femmes qui avortent. Chacune a ses propres raisons. Ce n’est pas, et ce ne serait jamais un acte facile. Il faut réfléchir et informer les jeunes filles. Bien sûr, il ne doit pas devenir le seul moyen de contraception.


Quand l’avortement était illégal….


Mais n’oublions pas non plus que même quand l’avortement était illégal, les femmes avortaient, dans des conditions souvent déplorables et qui mettaient leur vie en danger. Ou elles partaient à l’étranger pour se faire avorter, officiellement parties « en vacances ». Quelle belle hypocrisie ! Que des « pro-vie » veuillent un retour à cette situation me laisse un peu perplexe.

Le collectif étudiant (qui rassemble beaucoup de catholiques, ça vous étonne ?) prévoit d’autres actions que celle de demain. En attendant, le mouvement laïc et les centres de planning familial appelle à riposter contre cette marche, qui ira du Mont des Arts à la Place Poelaert, de 15h à 17h en se rassemblant Place d’Espagne de 15h à 18h.


@http://bxl.attac.be/

Le fait que ce soit des jeunes, des étudiants, parmi lesquels des femmes bien sûr, qui remettent l’avortement en cause m’inquiète. Cela montre la régression du combat féministe dans les nouvelles générations. Qui pourra prendre la place de celles qui ce sont battues pour les droits des femmes. Cette remise en cause des acquis du féminisme n’est pas acceptable. On ne juge pas les femmes qui font des enfants. Si une autre n’en veut pas ou plus, de quel droit peut-on la juger ?


Pour aller plus loin :

jeudi 17 mars 2011

Attention Cougars en liberté

C’est par cette phrase que la RTBF promeut le « Question à la une » sur les cougars, ces femmes de plus de 40 ans qui continuent à avoir des relations sexuelles avec des hommes plus jeunes, qu’on appelle les toyboys, ou lionceaux. Des termes péjoratifs pour une pratique qui a toujours existé. Pourquoi la stigmatiser aujourd’hui ?




@http://fineartamerica.com cougar

Attention ! De « vieilles » femmes sortent et couchent, réagissez vite, hommes, si vous ne voulez pas perdre votre hégémonie sur l’autre sexe. Oui, mais encore, ai-je envie de dire ? Parce que cela a toujours existé. Les femmes plus âgées (et plus fortunées) ont toujours eu des relations avec des hommes plus jeunes (George Sand, Edith Piaf,…). Il était même recommandé de coucher avec une femme plus âgée, qui a plus d’expérience. Il est vrai qu’aujourd’hui, avec les avancées du féminisme, cela se démocratise. Les femmes veulent avoir une vie sexuelle satisfaisante, comme les hommes (qui eux aussi, rappelons-le, peuvent coucher avec des jeunes femmes). Mais cela reste quelque chose d’ancien, le mouvement féministe date des années 60 quand même.

De fait, le reportage d’hier soir du magazine « Question à la Une » ne nous aura strictement rien appris. Mais alors pourquoi continuer à parler de cette pratique comme d’une grande révolution ? Sûrement parce que le terme cougar a été inventé par les médias, pour les médias. C’est là que le terme est né et c’est en continuant à en parler qu’il restera connu. Il permet de faire des films, des séries, des reportages sur le sujet. Pourtant certaines femmes et certains hommes refusent de se faire appeler cougar et lionceau. On les comprend.


D’abord, il s’agit de termes péjoratifs. Un cougar est un félin, un prédateur. En appelant une femme cougar, on la rabaisse au rang d’animal. Attention ces vielles peaux chassent de jeunes hommes sans défense. Ou pas. Parce que si on en croit ce qu’on voit dans les pornos (pas toujours une bonne idée, j’y reviendrai) les MILF, les « mothers i’d like to fuck », sont des vidéos demandées. Les jeunes lionceaux sont sûrement demandeurs aussi, ils ne se font pas spécialement « chasser ». Mais n’oublions pas qu’en appelant un jeune homme lionceau ou toyboy, on le réduit soit à un pauvre animal inutile, soit à un objet. Pas très joyeux non plus.








Peut-être qu’on stigmatise ces femmes aujourd’hui parce que nous sommes dans une société qui promeut le jeunisme. A partir de 40 ans, une femme est forcément moche et grosse, mais de toute façon, elle est vieille. Elle reste à la maison, à tricoter devant la cheminée en écouter Francis Cabrel et en servant un beau steak à son mari qui attend les pieds sous la table. Et bien non. Les femmes qui le souhaitent peuvent maintenant profiter d’une vraie liberté et d’une vraie émancipation. Mais cela continue de déranger. Parce que dans nos sociétés, les mentalités changent lentement. Ca dérange certainement encore plus les hommes, qui se voient ou peuvent se voir, délaissés pour des plus jeunes. Et oui messieurs, à votre tour d’avoir la pression.






@http://www.bonnefoy-michel.com/


Dans les reportages sur le sujet des femmes cougars, ce sont toujours les mêmes images qui reviennent, de femmes en Afrique, qui paient des jeunes hommes pour coucher avec eux. Ou alors, on présente des femmes dans nos pays qui paient des escort boys. Bouh, les femmes aussi peuvent aller chez les prostitués ! Que va-t-il vous rester messieurs ? Ne vous inquiétez pas, moi je vois des différences. D’abord, ces jeunes hommes qu’on paie ne font jamais partie de traite d’humain. Les hommes majeurs sont tous consentants. Ce qui n’est pas le cas de la majeure partie des prostituées de nos pays. Dans les interviews, ils ne s'en plaignent pas (mais attention, je suis contre la prostitution, je dis juste que si ça ne choque pas que des hommes paient les macs de femmes qui se font tabassées et violées, alors ça ne devrait pas être choquant au point d'en faire un reportage qu'une femme paie un homme qui avoue faire ça pour le sexe facile et l'argent).

Au contraire, ces hommes se moquent souvent de ces femmes. Et j’en arrive à mon deuxième point, si on montre ces femmes qui couchent avec ces prostitués africains, c’est pour mieux les décrédibiliser. Vous ne verrez jamais d’histoires normales, classiques, dans laquelle une femme paie et reçoit qu’elle veut. Ce qu’on va vous montrer, ce sont ces jeunes qui arnaquent ces femmes et se font offrir tout ce qu’ils veulent. Et s’en moquent devant les caméras. Les femmes sont de grandes imbéciles, elles feraient mieux d’aller préparer un steak à un homme de son âge.



Moi, ce qui me choque plus, ce sont les hommes qui partent en Thaïlande pour se taper des enfants. Combien de reportages avez-vous vu sur ce problème ? Ne chercher pas, pas beaucoup. Ce ne serait pas intéressant de se moquer un peu d’eux ? Est-ce que c’est un sujet trop sensible ? Je croyais que nos médias étaient « sans tabous » ? Et c'est pareil pour des reportages sur des réseaux de prostitution, qui forcent les femmes à se prostituer. On n'en fait pas. par contre, interviewer des femmes qui disent faire ce métier par plaisir, ça on sait le faire. Sauf qu'on oublie toute une partie ds femmes qui exerce ce métier dans ces reportages.


Ah oui, au fait, comment appelle-t-on un homme de 40 ans (et plus) qui couchent avec des femmes (beaucoup) plus jeunes ? Ne cherchez pas, on ne lui donne pas de nom. Dans notre société, c’est normal, voire très bien vu. Personne ne fait de reportage là-dessus non plus. Dommage. Hugh Efner, 85 ans et accessoirement créateur de Playboy (qui réduit les femmes à des lapins quand même, pas bien mieux que le terme cougar, j’y reviendrai) va se marier avec une femme de 20 ans. Ca fait sourire tout le monde et ça ne choque personne. A quand un reportage qui commencera par « Attention, chasseur de lapins en liberté » ?
A lire aussi :

dimanche 13 mars 2011

8 clichés sur les féministes

En tant que féministe, j’ai souvent des débats animés avec mes proches (ou avec des moins proches) sur mes convictions. Le féminisme provoque toujours des réactions bien tranchées chez les gens, soit ils sont pour, et ils me comprennent, soit ils sont contre, et ils essaient de me faire changer d’avis en me traitant d’utopiste. Petit florilège non exhaustif des clichés utilisés pour décrédibiliser le combat féministe.

(Cliquez sur les numéros pour voir le texte)



Pour en savoir plus:

Sur les poils : http://aliceswonderverden.blogspot.com/2010/03/la-france-et-les-poilues.html

Sur les masculinistes : http://sisyphe.org/spip.php?article703

mercredi 9 mars 2011

WE WANT SEX EQUALITY !

Dès ce mercredi 9 mars, vous pourrez voir sur nos écrans, le film anglais « We want sex equality », ou comment des femmes d’une usine Ford en Angleterre ont décidé de lutter pour être payée le même salaire que les hommes. Un combat toujours d’actualité.

@http://www.twikeo.com


Nous sommes en 1968, dans l’est de l’Angleterre. Dans la banlieue de Dagenham, Rita (Sally Hawkins) devient malgré elle la leader de la lutte contre les inégalités salariales et la discrimination. Elle et ses collègues travaillent dans l’atelier de couture d’une usine Ford. Malgré ce travail difficile aux horaires impossibles, les femmes sont payées moitié moins que les hommes. Commence alors un combat contre les patrons, la maison mère américaine, mais aussi contre les syndicats. Car, à l’époque, être une femme signifie être une bonne épouse, une bonne mère et une travailleuse qui se tait, supervisée par des hommes pour des hommes. 187 ouvrières de l’usine entrent alors en grève avec Rita, une grève qui se propagera à toute l’Angleterre et permettra l’adoption de l’Equal Pay Act en 1975. Le film rempli d’humour de Nigel Cole nous rappelle le déroulement de cette grève qui est entrée dans l’histoire.


Bande-annonce du film :




40 ans plus tard

Et aujourd’hui me direz-vous ? La STIB fait grève pour des agressions, la FGTB pour un accord interprofessionnel peu satisfaisant… mais où sont les femmes ? Car 40 ans plus tard, dans nos pays, le travail d’une femme n’est toujours pas reconnu comme celui d’un homme. Dans nos sociétés capitalistes, où l’argent, c’est bien connu, fait le bonheur et la reconnaissance sociale, on n’offre pas la même chance aux femmes qu’aux hommes. Il existe déjà le plafond de verre, il y a discrimination à l’embauche, mais en plus, pour un même travail et un même diplôme, on paiera moins une femme.

@http://www.cfecgc-metiersdelemploi.fr




En Europe, la différence de salaire de salaire est de 17,5%. En Belgique, elle est de 10% en moyenne, une des pluGrass petites différences de salaire en Europe, mais une moyenne qui cache des oscillations de 15 à 25% selon les cas. Et en Angleterre, elle est de 21, 4 % (voir tableau ci-dessous). Même si, finalement qu’importent les chiffres ? Même une différence de 1% serait problématique. Parce que j’ai un utérus et qu’il a un pénis, il acquière le droit de gagner plus ? Où est la logique ?







Les raisons


Pourquoi paie-t-on moins les femmes ? Il y a d’abord un problème de sous-évaluation du travail des femmes. Les emplois majoritairement occupés par des femmes (comme caissière de supermarchés) tendent à être moins bien payés. Cet écart de salaire peut aussi s’expliquer par la ségrégation du marché du travail. Hommes et femmes occupent des postes différents. Les femmes se retrouvent dans les emplois les moins valorisés et les moins payés au sein d’un secteur ou d’une entreprise. Les femmes prédominent dans la main d’œuvre du secteur de la santé, de l’éducation, ou dans de postes comme le nettoyage et les soins. Elles ont sous-représentées au poste de supérieur ou de direction.

Bien sûr, des choix personnels peuvent guider certaines vocations ou certains choix, comme le fait de préférer un mi-temps pour s’occuper de ses enfants, mais souvent des clichés et des stéréotypes se cachent derrière nos décisions. Par exemple, quand on compare aux hommes, peu de femmes étudient les mathématiques, les sciences ou l’économie. Elles se retrouvent donc moins dans les métiers socialement valorisés d’aujourd’hui.

Sans oublier que c’est encore trop souvent aux femmes de concilier vie de famille et vie professionnelle. Ce sont les femmes qui doivent prendre la décision de quitter leur emploi pour s’occuper de leurs enfants ou des personnes âgées dépendantes. Elles sont parfois contraintes à choisir pour un mi-temps, moins bien payé, car elles n’ont pas le choix pour arriver à concilier vie privée et professionnelle.


@http://blog.linkfinance.fr


On m’a déjà dit « il est normal qu’une femme soit moins payée car elle fait des enfants, donc elle rapportera moins à l’entreprise, entre ses congés de maternité et ses absences dès qu’un des ses enfants sera malade ». Magnifique raisonnement d’une société qui considère ses travailleurs comme des faiseurs de bénéfices, et pas comme des êtres humains. Et quoi, un homme ne sera jamais malade ? Il ne fera jamais d’enfants ? Ah mais oui, j’oubliais, il en fait mais ne s’en occupe pas, c’est ça ? Donc payons moins les femmes. Mais oui, c’est logique après tout, elle travaille plus qu’un homme. Quand elle rentre du boulot, elle cuisine, elle fait le ménage, elle s’occupe des enfants… oui mais voilà où est le bénéfice pour son employeur ? Il n’y en a pas. Par contre, le lendemain matin, elle a intérêt à se présenter fraiche et efficiente au boulot.
En conclusion, une femme cumulera pendant sa carrière plus d’interruptions et moins d’heures de travail, mais en plus, elle est moins payée pour ses heures de travail, qu’elle ait accédée au même poste qu’un homme ou pas. Ce qui signifie aussi une retraite moins élevée pour un même emploi. Chez les personnes âgées, les femmes vivent plus souvent dans la pauvreté que les hommes.



Pourquoi changer ?



@http://www.relations-sociales-gestion-de-crise.com

Je ne crois pas que l’argument de travailler à une société plus équitable intéresse qui que soit. Certain, dont l’Union Européenne, ont pensé comme moi et ont été chercher des arguments économiques. Et oui, il y en a.

L’élimination de cette différence salariale profite aux travailleurs, comme aux employeurs. Cela permet d’instaurer un climat de confiance, d’améliorer la productivité et la compétitivité de l’entreprise grâce à ce bon climat de travail, mais aussi d’améliorer son image publique. De plus, les femmes sont sous-employées, on ne les emploie pas à 100% de leurs capacités. Or, ne pas employer des femmes, à causes de considérations machistes ou économiques, constitue un manque à gagner pour la société.

Le film de Nigel Cole est intéressant car il permet de relancer le débat. Il nous rappelle que pour que les choses changent, il faut se battre. Ce serait bien que les jeunes filles aillent le voir, pour s’intéresser un peu à ces questions. Pourtant je crois que beaucoup préféreront voir le film autobiographique de Justin Bieber qui sort aussi aujourd’hui et bénéficie d’une meilleure couverture promotionnelle. C’est vrai qu’à 17 ans, son autobiographie doit avoir beaucoup à raconter.

Pour aller plus loin :

http://ec.europa.eu/social/main.jsp?catId=418&langId=fr


http://www.references.be/carriere/hommes-et-femmes-l%C3%A9galit%C3%A9-par-le-travail

mardi 8 mars 2011

Une Journée Internationale de la Femme, pour quoi faire ?


Aujourd’hui, c’est le 100 ème anniversaire de la Journée de la Femme. A cette occasion, je suis partie à la rencontre des femmes qui comptent pour moi : mes amies, mes proches et surtout, ma maman.




@http://grand-barnum.blogspot.com

Si vous vous demandez à quoi peut bien servir une journée des femmes (lu et entendu aujourd’hui :«Et la journée de l’Homme c’est quand ?», « Oh, il y a déjà tellement de journées internationales », « c’est encore du marketing pour vendre des fleurs »), j’ai quelques statistiques pour vous :

  • 70% des femmes seront victimes de violence dans leur vie
  • Une sur cinq subira un viol ou une tentative de viol
  • 70% des femmes sont pauvres
  • 80% des personnes faisant l’objet d’un trafic sont des femmes
  • L’écart salarial entre hommes et femmes belges oscille entre 15% et 25% selon les cas

Voilà. Au moins, cette Journée de la Femme vous aura permis d’apprendre les faits (ou de les réapprendre, parce que cela semble s’oublier vite).

Je passe les publicités plus ridicules les unes que les autres qui surfent sur cette journée. A les voir, non on ne vend pas de fleurs, mais on laisse entendre qu’une femme, c’est avant tout quelqu’un (quelque chose ?) de beau.












Etre une femme ?


Mais qu’est-ce qu’être une femme, vraiment ? C’était ma première question à mes proches. Là, toutes sont unanimes : une femme, c’est quelqu’un qui devra, toute sa vie, montrer qu’elle vaut autant qu’un homme, en travaillant plus. « Aujourd’hui être une femme signifie être quelqu’un de polyvalent, qui pense à tout et qui se démène pour les autres mais aussi qui doit constamment faire ses preuves » explique une copine, Justine, 23 ans. Valérie, secrétaire de direction et aussi ma maman, est tout à fait d’accord et explique qu’ « une femme d’aujourd’hui est une SUPERWOMAN, qui doit (ou sait) concilier vie familiale, vie professionnelle et éventuellement bien être personnel (s'il reste encore un peu de temps). Elle n'a pas le choix, elle doit pouvoir jongler entre sa charge de travail au bureau, sa charge de travail à la maison et l'éducation de ses enfants. Tout cela amène beaucoup de stress ».





@http://webistique.com




D’après ma maman, la femme d'aujourd'hui n'a pas le droit de se plaindre, « car on lui répondrait que c'est elle qui a voulu l'égalité et le droit au travail, donc ... évitons de nous plaindre…ça plairait trop aux hommes ». « Il y a le cliché de la femme, qu’on considère comme illogique, incompréhensible, qui se retrouvent dans beaucoup de milieux, et surtout les milieux industriels. Cela explique qu’une femme soit moins souvent choisie pour un poste à responsabilité qu’un homme » renchérit Justine.


Des discriminations ?


Justement, comment perçoivent-elles les discriminations qui touchent les femmes ? Elles les retrouvent essentiellement dans la vie professionnelle à en croire les réponses reçues. « Les femmes peuvent certainement se sentir discriminées dans leur vie professionnelle, car le salaire n'est pas toujours égal à celui des hommes pour un diplôme pourtant égal. Il y a encore de nos jours, des fonctions qui sont systématiquement refusées aux femmes. J'ai l'impression aussi que quand une femme arrive à certaines fonctions, tout se passe comme si on l'attendait au tournant, comme si elle avait pris la place d'un homme ». Mais pas uniquement, Stéphanie, 24 ans (dont quatre d’amitié avec moi) confie qu’elle se sent surtout discriminée « dans ma non-envie d’enfants. Apparemment, c’est encore anormal pour une femme. A part ça, je me sens égale d’un homme dans mes études ou mon travail ».


Une solution contre les discriminations ? « De toute façon, il ne faut pas se leurrer : les réunions de parents, les rendez-vous chez le médecin, les séances de catéchisme, et autres ... c'est en général à intercaler dans le programme de la femme », souligne ma mère. « Alors, il faudrait peut-être octroyer un congé de paternité identique que celui de la mère. A ce moment là, on pourra embaucher des hommes ou des femmes, peu importe. Et les hommes s'investiraient un peu dans la vie familiale, l'éducation et les soins aux enfants…Bof encore que, pas sûr ».


Une femme = un homme ?

Où se sentent-elles égales aux hommes ? « Au lit » sourit Séverine, une vieille amie. Il est vrai qu’on reconnait aujourd’hui le droit des femmes à avoir du plaisir (même si, attention, pas partout, l’excision reste un fléau). Ma maman a une autre réponse, « Sur la route ...dans ma voiture ... je suis comme un homme : j'ai le droit de klaxonner quand on m'emmerde. J'ai le droit de freiner pour laisser passer tous les piétons, même si le gros moustachu dans mon rétroviseur vocifère des insultes, parce qu'avec lui, la mémé, elle serait restée sur le trottoir. Je peux prendre ma priorité de droite ... et oui ... j'ai le droit aussi... après je regarde dans mon rétro et je me régale ». Elle pense aussi que la Justice est la même, qu’on soit homme ou femme. Et comme Justine, elle estime que sur les bancs d’écoles ou d’universités, nous sommes parfaitement égales. C’est même dans leurs études que les filles réussissent mieux que les garçons.

Je laisse le mot de la fin à ma maman: « C'est peut-être grâce à mes parents, à leur éducation ... mais en tout cas je ne me suis jamais sentie inférieure à un homme ... JAMAIS ».


A quoi sert une Journée de la femme ? Pour moi, ce 8 mars m’aura permis de comprendre l’origine de ma détermination féministe.