samedi 5 mars 2011

Les quotas : plus de femmes dans les CA d’entreprises

Voir plus de femmes aux postes de dirigeants d’entreprises ne sera peut-être plus une utopie. Une proposition de loi a été adoptée en ce sens à la Chambre, alors que l’Europe commence à l’envisager. Une perspective qui effraie la Fédération des Entreprises de Belgique.


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Comment amener plus de femmes à devenir dirigeants d’entreprises ? La solution du quota semble être de plus en plus privilégiée. Six partis ont adopté, mardi à la Chambre, une proposition de loi fixant un quota minimum de femmes dans les conseils d’administrations d’entreprises. PS, CDH, Ecolo, Groen, SP.A et CD&V se sont en accordés sur un compromis entre leurs différents textes. Il faudra désormais un tiers de femmes dans les CA d’entreprises. La loi prévoit différentes modalités en fonction de l’entreprise concernée. Les entreprises cotées en Bourse ont cinq ans pour se mettre en ordre, les PME cotées en Bourse ont 8 ans, tandis que les entreprises publiques devront être en ordre pour l’année prochaine. Des sanctions sont prévues, dont notamment la nullité des nominations si le quotas n’est pas atteint.



La FEB s’indigne


Dans un communiqué de presse, la Fédération des entreprises de Belgique estime que l’adoption de cette loi est « un signe de méfiance envers les entreprises ». Les patrons pensent qu’il ne faut pas imposer des quotas, mais laisser faire l’autorégulation. Le fait d’imposer un tiers d’administratrices leur laisse croire que le législateur ne leur fait pas confiance. Oui mais voilà, les quotas ont beau avoir leurs inconvénients (notamment le fait de nommer une personne juste pour remplir son quota, ce qu’on appelle le phénomène de « femme de paille » ou « femme potiche »), parfois ils sont nécessaires. Comme, par exemple, lorsque les femmes sont disponibles et sont compétentes mais ne sont pas nommée à des postes à responsabilité. Ce qui est le cas dans notre pays. Les femmes restent encore sous-représentées dans les CA. En 2010, on trouvait seul 7% de femmes dans les administratrices d’entreprises belges, cotées en Bourse.

C’est ce qu’on appelle le plafond de verre, qui devient même, et de plus en plus, un plafond de fer. Les femmes n’arrivent pas à accéder à certains postes. Il y a des mécanismes, conscients ou inconscients, à l’œuvre pour maintenir les femmes hors de ces postes importants, essentiellement le machisme latent de nos sociétés et de certains patrons, ainsi que l’élection entre pairs. Les hommes à la tête des entreprises préféreront élire d’autres hommes car « ils se comprendront mieux ». En utilisant aussi des arguments caricaturaux, on peut le comprendre comme : « les femmes sont des êtres incompréhensibles, c’est plus facile entre hommes, on aime tous la bière et les strip-teases après le boulot ».
Sur ce graphique, on peut voir le chemin qu'il reste à parcourir en Belgique. Il n'y que Belgacom qui peut se targuer d'avoir déjà plus d'un tiers de femmes dans son conseil d'administration.




Quand l’Europe s’en mêle


Mardi toujours, l’Europe a aussi décidé de prendre les quotas par les cornes. Jerzy Buzek, président du parlement européen, et Viviane Reding, vice-présidente de la commission, ont plaidé pour l’instauration d’un système de quotas en dernier recours dans les entreprises. Pour convaincre les patrons, ils avancent un argument économique : les entreprises ayant un grand nombre de femmes dans leurs conseils d’administration réalisent de meilleurs résultats que quand les dirigeants ne sont que des hommes. On savait déjà que les femmes réussissaient mieux leurs études que les hommes (voir par ici), qu'elles sont plus honnêtes et compréhensives quand elles arrivent à des postes à responsabilité (ici) . Voilà (encore) une autre raison de les autoriser à grimper dans la hiérarchie de l’entreprise.


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L’Europe prévoit donc d’utiliser des quotas juridiquement contraignants qu’en dernier recours, mais on peut déjà percevoir les limites de l’autorégulation par le secteur au niveau européen. L’objectif de l’Europe est d’atteindre 30% de femmes dans les CA pour 2015. Seulement, au rythme où les entreprises qui s’autorégulent intègrent des femmes, il faudrait encore 50 ans pour arriver à ce résultat. Aller à la rencontre des chefs d’entreprises pour comprendre comment les inciter à intégrer plus de femmes est une des mesures prévues, mais, dès 2012, l’Europe sera prête à imposer des quotas.

De bonnes avancées ont donc été engrangées cette semaine. Et, pour ceux qui craignent qu’on engage une femme uniquement parce que c’est une femme, j’aimerai rappeler qu’en ce moment on empêche certaines femmes à accéder à un poste à responsabilité uniquement parce qu’elles sont des femmes. Et qu’on les paiera moins parce que ce sont des femmes. Là, personne (ou presque) ne s’insurge.

C'est lors de débats de ce genre qu'on remarque que les mentalités doivent encore changer. Sur les réseaux sociaux, les réactions outrées fusent, dont une particulièrement intéressante (sic): « maintenant au moins, il y aura quelqu’un pour servir du café dans les salles de réunions ».

Pour en savoir plus :


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