samedi 18 juin 2011

Un Eros Center à Liège ? Pas une solution divine

Au moment de la sortie d’un clip du Lobby européen des femmes contre la prostitution, Liège se retrouve au cœur de la polémique avec un projet de construction d’un Eros Center (littéralement, « un centre de l’amour » (sic)).












La prostitution. J’en avais déjà fait un article (un peu vindicatif) il y a quelque temps. J’y concluais que la prostitution sera un métier comme un autre lorsque des parents seront contents, voire émus, que leur petite fille dise « plus tard, je serais prostituée », comme elle aurait pu dire « plus tard, je serais professeur ou vétérinaire ». Ou contents, voire émus, que leur adolescente dise « mon premier job étudiant, c’est Rue d’Aarschot, ça paie bien », comme elle aurait pu dire « mon premier job étudiant, c’est au Carrefour tout proche ». Or, on sait très bien que cela n’arrivera pas. Qui veut de ce « métier » pour sa fille, ou pour son fils d’ailleurs ?





Pas un métier comme un autre





C’est que, consciemment ou pas, on se rend très bien compte de ce qu’il y derrière la prostitution, même « volontairement choisie ». 62% des prostituées, qu’elles l’aient choisi ou pas, a un jour été violé. Selon une enquête anglaise, 9 prostituée sur 10 voudraient quitter cette pratique mais ne le peuvent pas. Dans un récent reportage d’Harry Roselmack sur la prostitution, les deux prostituées qui ont choisi de l’être, finissent quand même par pleurer. Une avouant qu’elle a été violée trois fois et n’en peut plus. L’autre se prostituant pour faire vivre ses petits-enfants. Il a aussi rencontré une étudiante qui se prostitue pour payer ses études. Elle explique haïr les hommes. Quelle séquelle sur sa vie affective future ? Toutes ont pourtant choisi la prostitution. Mais on sent derrière, à chaque fois, comme une obligation. Se lancer dans cette pratique ne résulte pas d'un vrai choix finalement.




















@http://www.advertolog.com/











Aujourd’hui, alors que la question de la professionnalisation de la prostitution avance, un projet fait du bruit à Liège. Il s’agit de construire un Eros Center, un centre de prostitution. Les arguments majeurs en faveur du projet sont la sécurité pour les prostituées, qui pourront être suivies médicalement, mais aussi la lutte contre le proxénétisme. Fini les endroits glauques. Une belle promesse.

















@http://www.pro-wohnen.de/



Mais attention. Entrer dans ce centre, cela se paie. Il n’accueillera donc que les prostituées qui peuvent se le permettre. De plus, il faudra certainement respecter certaines règles pour y rester. Les prostituées qui se droguent ou boivent pour supporter les passes, cela existe. Seront-elles d’accord pour y entrer ? Cet Eros Center n’accueillera donc que certaines formes de prostitution. On peut avoir l’impression que le principal atout, c’est surtout plus de sécurité pour le client. Voilà pourquoi certains expliquent qu’il s’agit avant tout d’encourager la prostitution. En Hollande, ce genre d’Eros Center existe. Et en grande quantité. Est-ce que cela a arrêté le proxénétisme ? Je pense qu’on le saurait. Au contraire, cela a encouragé le recours à la prostitution. Au point que beaucoup de touristes vont en Hollande pour se rendre dans un Eros Center. Le pays est même mondialement connu pour ça.










@http://clericalwhispers.blogspot.com/











Prostitution à bas prix et proxénètisme


N’oublions pas non plus que si les prostituées doivent payer cet espace, elles devront certainement faire payer plus cher leurs « services ». En plus d’accueillir un certain type de prostituées, cet espace accueillera un certain type de clients. Ceux qui pourront se le permettre. Cela ne veut pas dire que les autres clients ne trouveront plus de prostituées. On peut redouter l’émergence d’une prostitution « à bas prix » pour attirer le client moins fortuné.





Comment un Eros Center pourrait–il combattre le trafic d’êtres humains et le proxénétisme? Certaines prostituée iront dans le centre, d’autres seront dans le trafic. Vous croyez vraiment qu’une roumaine qu’on a fait entrer dans le pays en lui promettant un job de serveuse, maltraitée par son proxénète pourra profiter de cet Eros Center ? Son proxénète doit bien rire de l’idée.
















@http://jeevanjoby.instablogs.com/





On me rétorquera encore que la prostitution existe depuis la nuit des temps. Comme si le fait qu’une chose ait "toujours" existé (parce que les hommes et femmes des cavernes avaient autre chose à faire je crois) nous empêche de pouvoir trouver cela anormal. Le mariage forcé (ou mariage d'intéret) a "toujours" existé. On se mariait par intérêt jusqu’au début de la révolution industrielle. Aujourd’hui, on lui préfère le mariage d’amour. Dans notre société, le mariage forcé est combattu. Une société qui va vers plus d’égalité, mais qui n’est pas au bout de ses peines.












L'exemple de la Suède










La Suède, par exemple, criminalise le client. Résultat ? Une baisse significative de la prostitution et surtout du trafic. Pourtant, un criminologue utilise des chiffres pour expliquer que si la Suède est le deuxième pays, après le Congo, à avoir un taux de viols si élevé, ce serait à cause de la criminalisation de la prostitution. Au vu de ce qu’il sous-entend, il ne fait pas bon être un homme aujourd’hui. Soit vous devez avoir recours à des prostituées, soit vous violez des femmes. Comme si vous aviez des besoins irrépressibles, que vous ne savez pas contrôler. Comme si, quand vous avez besoin d’aller à la toilette en pleine rue, vous le faites là où vous êtes. Comme si vous étiez des animaux sans réflexion. Ce qu’il ne dit pas, c’est que la définition du viol a changé là-bas pour prendre en compte un plus grand nombre d’actes, ce qui est une très bonne chose en soi, mais peut fausser les statistiques. Et que d’autres estiment encore que c’est la faute au réchauffement climatique ou aux musulmans de Suède (sic).
















@http://www.yetipoker.com/






C’est bien beau de présenter un Eros Center comme LA solution pour une prostitution plus sûre. Le problème, c’est que ce n’est pas vrai. Le Conseil des femmes francophone de Belgique s’oppose au projet. Les journaux titrent « Eros Center : le « non » féministe ». Et si c’était tout simplement un « non » d’être humain?








A lire : http://www.mouvementdunid.org/

2 commentaires:

  1. Encore un commentaire de ma part.

    J'aime beaucoup ton blog, et particulièrement cet article.

    Je cherche pour le moment un(e) journaliste pour relater mon histoire, en contradiction directe avec la vision bobo et pseudo-féministe de Catherine François, qui a écrit un essai en collaboration avec mon indigne génitrice. Elle a tout récemment porté plainte pour diffamation. Je t'invite à lire mes commentaires sur cette vidéo et à te faire ta propre idée. (tu y retrouveras une phrase de ma part très similaire à ta phrase "pas un métier comme un autre")

    http://www.dailymotion.com/video/xf58yt_de-prime-abord-dialogue-adolescents_creation

    J'espère avoir suffisamment suscité d'intérêt de ta part.

    Si tu souhaites en savoir plus, contacte moi sur dailymotion ou sur youtube avec le même pseudo ManuxKernel.

    Mes respects

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  2. Bonjour,

    Votre projet m'intéresse énormément. Vous pouvez m'envoyer un mail sur mon adresse : wernaerscamille@gmail.com

    Je n'ai pas de compte Dailymotion ou Youtube malheureusement

    A bientôt.

    Wernaers Camille

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