vendredi 9 décembre 2011

La place de la femme ? Dans la cuisine bien sûr.

Aller voir un film au cinéma, ça détend normalement. Oui mais non. Merci William Lawson (vous savez, cette marque qui essaie de vous vendre de l’alcool en montrant des mecs en kilts). Analyse.





Dans sa nouvelle publicité, diffusée par BrightFish au cinéma, on voit un homme, un vrai homme viril hein, avec kilt, barbe et hache, limite le papa ours de l’histoire pour enfant, qui rentre dans sa chaumière, après avoir violemment coupé du bois (genre deux bûches) avec sa hache. Ca fait peur. Bref, après cet effort « intense », Monsieur se fait appeler pour aller petit-déjeuner. Couper du bois en kilt, ça creuse, surtout avec ce froid et pas même un t-shirt. C’est qu’ils sont pauvres les highlanders. Et hop, ni une ni deux, le voilà qui s’assied à la table de sa cuisine. Il ne va quand même pas se mettre aux fourneaux quand trois demoiselles peuvent le faire pour lui. Non mais. Cuisine donc, où une femme à la limite de l’anorexique, visiblement d’origine asiatique, lui cuit des œufs. Je ne sais pas vous, mais les kilts, la barbe, la maison, ça ne me fait pas trop penser à l’Asie. Enfin bref, ne pinaillons pas, l’esclave asiatique de l’highlander ours barbu lui cuit des œufs, avec un air d’intense amour dans les yeux. C’est si beau. Mais notre héros en a peu rien à faire, il veut juste bouffer, et plus vite que ça d’ailleurs. Arrive ensuite une femme, visiblement d’origine africaine, qui s’avance vers lui langoureusement. Elle l’embrasse, puis hop un plan qui ne sert à rien où elle presse une orange direct dans sa bouche. Faut avouer, elle est adroite quand même. Arrive ensuite une troisième femme, grande blonde en peignoir, visiblement d’origine indo-européenne qui, elle, ressemble enfin à une écossaise, ouf, nous voilà rassurés. Surtout qu’elle lui cuit des saucisses bien grasses. Le régime, ce sera pour demain. La publicité se termine encore par un plan où les trois femmes comblées apportent son petit-déjeuner à l’homme, le vrai, qui n’a pas bougé de sa chaise. Ben non, pourquoi ? Ah, c’est beau l’amour. Euh, faudra quand même dire à l’highlander que s’il n’a pas de jus d’orange, c’est parce qu’une des meufs a tout bu, pour un plan que ne sert à rien.

Joli message subliminale. L’homme, le vrai, se sert de sa hache, dehors, et les femmes (toutes les femmes, de toutes les origines mais pas de toutes les tailles de pantalon) restent à l’intérieur devant leur cuisinière, dès leur lever. Les femmes sont au service de l’homme, le vrai, et elles a-do-rent ça. Des femmes qu’on ne verra qu’en petites tenues aussi. C’est vrai qu’il a l’air de faire un temps de sous les tropiques et que la petite chaumière de papa ours à l’air bien isolée.

En soi, je n’ai rien contre la polygamie. Comme les hommes, moi aussi, j’aimerais bien avoir trois hommes minimum dans mon lit, et si en plus, il y en a un des trois qui sait bien cuisiner et un autre (ou le même) qui sait coudre et repasser, c’est le jackpot. Oui oui, ce n’est pas dur de les comprendre les hommes en fait. On fonctionne pareil. Parce que, franchement, qui aime repasser ? Je ne crois pas que les femmes ont un plus grand amour pour le repassage que les hommes, je pense juste que ça doit être fait (quoique, moi je ne le fais pas).

Bref, question cruciale : en quoi cette publicité a-t-elle un quelconque rapport avec le Scotch ? S’il n’y avait pas le slogan débile et les images d’alcool retouchées (oui, même le Scotch n’est pas assez bien pour la publicité), on pourrait même se demander pour quel produit on fait de la pub dans cette vidéo. Une agence d’escorting ? L’Ecosse, si belle région, qui permet depuis peu la polygamie ? Est-ce que tous les buveurs de scotch veulent être polygames ? Est-ce qu’il s’agit d’un petit-déjeuner d’après-cuite au Scotch ? L’histoire ne le dit pas. Il est en tout cas clair que cette publicité ne s’adresse pas aux femmes. A nouveau, on considère que c’est l’homme, le vrai, qui peut boire. La femme, cette petite chose, ne supporte sûrement pas un alcool comme le Great Scotch de William Lawson. C’est évident. William Lawson, No Great Scotch, Just Sexism.





Autre temps, autre produit, dans cette publicité, c’est de l’information qu’on nous vend. Et pas n’importe laquelle, celle du journal Le Soir. Et attention, cette information, ce n’est pas n’importe quoi. Pas comme, par exemple, ce que se racontent les femmes entre elles. Vous savez, les femmes. Ces êtres crédules, qui croient n’importe quoi et rapportent ragot sur ragot. Celles qui pensent toujours tout savoir. Mais qui ne savent rien. Normal, vu qu’elles passent leur temps dans la cuisine, les mains dans l’eau de vaisselle, à épier les voisins en mangeant des trucs gras (cf. l’assiette dans le coin inférieur droit de l’image). Très « Desperate Housewife » comme vision. Donc le Soir nous dit qu’il y a des gens mal informés, comme cette femme qui fait la vaisselle (bien sûr, quoi d’autre ?) et les Autres, vos Voisins (très « Lost » comme vision), ceux qui lisent le Soir, et n’ont donc sûrement pas le temps de faire la vaisselle. Ca prend du temps de lire Le Soir, hein. C’est une étudiante en journalisme qui vous le dit. Et puis de toute façon, les femmes ne s’intéressent pas à la vraie actualité. D’ailleurs, un journaliste du Soir a clairement avoué, lors d'une conférence, que le lecteur-type du Soir est un homme de la classe supérieure, blanc, entre 40 et 50 ans. On est presque dans la scène de Titanic, (début 1900 donc) où les hommes vont fumer leur cigare et boire leur brandy pour parler politique après le repas, en demandant aux femmes de rentrer gentiment dans leur cabine. Une femme, ça ne s’intéresse pas aux choses du monde. Ca reste dans sa cuisine. A faire la vaisselle.

C’est sympa et très moderne cette tendance qu’ont les publicitaires de représenter la femme dans une cuisine. C’est juste dommage que ce soit exactement comme représenter un homme, au choix, - dans une boîte de strip-tease, -en train de violer quelqu’un ou -devant un film porno : c’est complètement cliché. Moi par exemple, femme adulte ne vivant plus depuis un bail chez ses parents, je passe une heure par jour au grand maximum dans ma cuisine (en comptant large, et en prenant en compte la préparation du café le matin). Il y aurait donc plein d'autres endroits plus signifiants pour me représenter qu'une cuisine.

Les publicitaires, ils n’auraient pas oublié que l’abus d’alcool est mauvais pour la santé ?

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