mercredi 6 avril 2011

Berlusconi et les femmes italiennes

Alors que s’ouvre aujourd’hui le « Rubygate », procès du nom de cette prostituée mineure que Berlusconi aurait payé de février à mai 2010 (et qu’il aurait sorti de prison en abusant de sa fonction), on peut s'interroger sur la dégradation de l’image de la femme dans la société italienne.







Berlusconi, chef du gouvernement italien, est accusé dans le procès qui s’ouvre aujourd’hui de prostitution de mineures et d’abus de fonction. Un procès parmi tant d’autre qui ne remet pas en cause la ferveur de ses supporters. Beaucoup d’Italiens pensent même que Berlusconi est victime d’un acharnement. S’il était présent à la première audience du procès concernant Mediaset, son groupe média, pour paiement illégal de droits télévisés, il n’a pas eu le courage de se montrer à l’audience préliminaire de cette affaire. Car c’est son image qui est en jeu. Une image qu’il aime maîtriser. Car Berlusconi est un homme des médias. Son groupe Mediaset domine le marché italien de la presse, de la télévision et de l’internet. S’il a été assez malin pour n’en être « que » vice-président (il en est aussi le fondateur et un des actionnaires), personne n’est dupe. Mediaset est contrôlé par Berlusconi. Via les chaines de télévision, il endort tout les jours les citoyens en leur donnant ce qu’ils veulent : du sexe et des jeux.








La véline ou la madone




Berlusconi est celui qui a popularisé, dans ses programmes, la Velina : une fille dénudée, pas franchement intelligente, voire carrément muette, présente uniquement pour son corps. La femme-potiche par excellence. A partir des années 90’, on a de moins en moins donné la parole à des femmes pour écouter leurs opinions, ou les laisser exprimer un point de vue. Petit à petit aussi, ces vélines se sont retrouvées inscrite sur des listes politiques, et élues à des postes uniquement sur base de leur physique. La publicité s’y est mise et si on est parfois intrigué par l’usage du corps dans certaines de nos pubs, allez faire un tour en Italie, ce n’est pas triste. La femme objet est devenue la seule référence pour les femmes et les hommes italiens, un lavage de cerveau quotidien.





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Alors que l’Italie a connu un des mouvements féministes les plus puissants d’Europe, la femme italienne se conforme au modèle machiste. Dans une Italie toujours plus gouvernée par l’argent et la corruption, la prostituée, celle qui gagne sa vie en vendant son corps, à la télévision ou sur le trottoir est bien valorisée. Voilà pourquoi le fait que Silvio couche avec des prostituées ne choque pas son électorat. Qu’elles soient mineures n’est qu’un détail. On assiste à une véritable régression du statut et de la place de la femme italienne.



Non content d’utiliser des femmes comme des objets dans ses émissions, iI Cavaliere sait aussi s’entourer de call girls dans ses partouses. Imaginez Leterme dans la même situation ! Vous croyez qu’il serait réélu ? Pensez à la démission de Bill Clinton après l’affaire Lewinsky. Pourquoi Berlusconi peut-il rester au pouvoir malgré les multiples scandales sexuels (les "bunga bunga party") ? Ironique dans un pays qui abrite le Vatican, il est le chef de cabinet au mandat le plus long dans toute l’histoire de l’Italie.



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Un fascisme à l'italienne



D’abord, Berlusconi a à sa botte la majorité du Parlement qui lui fait des lois sur mesure, comme celle bientôt adoptée sur le délai de prescription qui lui évitera la condamnation dans le procès Mills (corruption de témoins).


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Ensuite, il faut quand même ne pas négliger l’histoire du peuple italien. De César, à Berlusconi, en passant par le Duce, l’Italie a toujours eu besoin d’un guide, d’une figure forte, qui prenne les décisions à sa place. Avec Berlusconi, cette figure est poussée à l’extrême puisqu’il leur dit même quoi regarder et donc que penser. On peut même dire que l’Italie vit dans un régime populiste, presque encore fasciste. Propagande et contrôle des médias, leader charismatique, nationalisme (on l‘a encore vu avec l’épisode de Lampedusa), beaucoup de caractéristiques des régimes fascistes y sont présentes. Si, bien sûr, tous les Italiens ne votent pas pour le beau Silvio, ceci explique peut-être cela...



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Le mouvement « maintenant ou jamais » (Se non ora quando) a décidé de manifester en février dernier contre ces pratiques jugées archaïques. Ce mouvement de femmes entend lutter contre le mépris du « sexe faible » dans la société italienne. Associées au mouvement violet, qui est à l'initiative des No Berlusconi Day, elles demandent sa démission.



Après la constitution des parties civiles aujourd’hui, le procès « Rubygate » a été reporté au 31 mai. Comble de l’ironie, au tribunal de Milan, les juges qui devront trancher le sort du chef de cabinet sont trois femmes. Espérons qu’elles désarçonnent le Cavaliere.




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A lire aussi :


http://www.rfi.fr/europe/20110214-maintenant-jamais-fronde-femmes-italiennes-contre-il-cavaliere-berlusconi


http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/info/Les-dossiers-de-la-redaction/colere-femmes-Italie/p-15314-Rubygate-l-image-de-la-femme-dans-le-systeme-Berlusconi.htm

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