La campagne « Femmes dans la construction » se lance pour changer le regard sur ce secteur. L’ASBL Construtec Wallonie, en collaboration avec la Région wallonne, souhaite plus de femmes comme ouvrières qualifiées et sensibilise les jeunes en formation et les entreprises.
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Le chantier est-il un lieu réservé aux hommes ? La campagne de sensibilisation « Femmes dans la construction », inaugurée ce mardi 7 février, s’attaque à cette idée. L’objectif est de promouvoir la présence des femmes dans le secteur de la construction. L’ASBL Construtec Wallonie est en charge de cette initiative soutenue par la Région wallonne. L’association, où travaillent d’ailleurs de nombreuses femmes, est une structure au service des entreprises et de leur personnel. Elle s’axe sur deux buts : mettre en œuvre et promouvoir des formations de perfectionnement dans les nouvelles technologies, et lancer des actions provenant d’une concertation entre les partenaires sociaux, comme c’est le cas ici. Au travers d’une série d’affiches, de brochures, d’un groupe Facebook mais aussi de l’envoi de « coachs » sectoriel. L’objectif est de convaincre les personnes en formation comme les entreprises du bâtiment que les femmes ont aussi leur place sur un chantier.
Distinguer une ouvrière sous les casques de protection est aujourd’hui presque mission impossible. En effet, en Belgique, seul 0,8% des effectifs sur chantier sont des femmes. Et malgré une progression depuis 2007 où ce taux n’était que de 0,5%, il reste encore beaucoup à faire. Agnès Marlier est la responsable pour Construtec de la campagne « Femmes dans la construction ». Elle précise que « cette campagne fait partie d’une action existante depuis mai 2009. Nous n’avons pas prévu de date de clôture pour l’instant car nous visons une sensibilisation sur le long-terme. Nous espérons que le taux de femmes dans le secteur de la construction dépassera le seuil symbolique du 1% cette année mais nous aimerions surtout avoir un nombre à deux chiffres d’ici quatre à cinq ans. » Une situation d’autant plus étonnante que ce domaine professionnel connaît une grave pénurie de main d’œuvre qualifiée dans notre pays.
Ouvrier, un métier d’homme ?
Les stéréotypes propres à la construction expliquent en grande partie ce paradoxe. Agnès Marlier connaît bien cette problématique. « Il y a déjà une discrimination à l’embauche par les employeurs qui pensent que les femmes ne sont pas assez fortes ou assez techniques pour travailler sur un chantier. Ou encore qu’elles poseront des problèmes de disponibilité à cause d’éventuels enfants. Un point plus précis concerne l’installation de sanitaires pour les femmes sur les chantiers. Trop couteux selon certaines entreprises, qui n’en installent pas du tout, même pour les hommes alors que c’est illégal. » Mais ces clichés existent également dans l’autre sens, rebutant les femmes lors du choix de cette orientation professionnelle. Celles-ci redoutent le jugement des entreprises par rapport aux stéréotypes cités ci-dessus et hésitent à postuler ou à se former comme ouvrière qualifiée. Les chantiers eux-mêmes sont victimes d’une série d’idées reçues concernant la propreté ou le machisme ambiant. L’actuelle atmosphère ne donnerait donc pas vraiment envie aux femmes d’intégrer ce secteur professionnel.
Déjà de vives réactions
La campagne a bien entendu suscité des réactions du public. Annoncée par les médias depuis seulement une journée, quelques interrogations reviennent constamment. Les femmes prendraient-elles la place d’autres hommes ou de chômeurs ? Mme Marlier rétorque que « chacun doit trouver le métier qui lui plaît et les entreprises pleurent pour avoir de la main d’œuvre qualifiée ». Isabelle Crucifix partage ce point de vue. Cette sanitariste de vingt-sept ans installe des appareils sanitaires depuis plus de quatre ans. « Je suis sur un chantier pour faire mon boulot. Je m’entends super bien avec certains collègues mais je ne fais pas copain-copine. Cependant, je n’ai jamais eu de problèmes avec les eux ou les autres corps de métier. Ni avec les patrons, les clients ou les architectes d’ailleurs. Ils sont là pour aider et je n’ai jamais vécu de situation discriminante mais il faut dire que je travaille pour mon père. La situation sur le terrain a changé. Avant les machines et les matériaux étaient plus lourds, ce qui réservait en quelque sorte la construction aux hommes. » Sur les chantiers, en plus de l’absence de femmes, les clichés sexistes ont encore la peau dure. Presque autant que le mur en béton que cette campagne tente d’abattre.
Un article de Cédric Dautinger
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