« Si les femmes ne veulent pas se faire agresser, elles n’ont qu’à pas s’habiller comme des salopes ». De cette petite phrase, prononcée par un policier dans une université de Toronto, est né le phénomène « SlutWalk », littéralement « Marche des Salopes ». A Toronto, à Paris, à New York, et même jusqu’en Inde, des femmes et des hommes manifestent pour le droit de s’habiller comme on veut, mais aussi pour une société moins sexiste et moins homophobe. Ce dimanche après-midi, c’est Bruxelles qui a vécu aux rythmes des slogans.
« Nous sommes des êtres humains, pas des objets ». Cette phrase, entendue lors de la Marche des Salopes et que je me rappelle lundi, a de quoi surprendre. Parce qu’à priori, c’est quelque chose qui tombe sous le sens. Au point même que certains estiment ridicule le combat et les revendications que l’on portait haut et fort dimanche. Et bien moi, j’ai fait l’expérience. J‘ai marché habillée en salope dans Bruxelles, pour aller et revenir de la marche. J’ai vu les regards de mépris, pas seulement masculins d’ailleurs. J’ai aussi entendu les remarques marmonnées sur mon passage, ou criées depuis certaines voitures. Attention, mon « déguisement » n’était pas des plus « provocants » : une robe courte avec des bas noirs et des boots plates. Pas de quoi fouetter une Marilyn. Et pourtant. Ce qu’on se dit rétrospectivement, c’est qu’il faut encore se battre aujourd’hui en 2011 pour le droit de s’habiller comme on le souhaite. La femme, après s’être battue pour avoir le droit de porter le pantalon comme un homme, doit maintenant se battre pour le droit de porter une jupe ou une robe. Ca n’en finit pas.
Moi, en « salope », lors de la marche :
Retour en arrière : dimanche 25 septembre, 15h15, début de la première « Slut Walk » en Belgique, sous un soleil radieux. Les organisateurs sont soulagés. Une heure plus tôt en effet, rien n’était gagné. C’est parti pour une marche de plus d’une heure et demie, en plein centre de Bruxelles.
Joelle, co-organisatrice, explique le principe de la Slut Walk :
La SlutWalk est née, et s'est propagée, sur Internet. C'est là que tout se crée, que les gens se rencontrent, que les premières amitiés se forment et qu'un collectif apparaît. Après avoir aidé, lors des révolutions arabes, à combattre la dictature, c'est désormais la lutte contre le sexisme qui réunit certains internautes. C'est sur la toile que l'on appelle les gens à se venir, à se mobiliser. 1 881 personnes avaient décidé de dire « Je participe » sur la page facebook de l'événement. Déjà une petite révolution en soi. Joelle nous raconte comment elle s'est retrouvée dans le mouvement :
On sort les pancartes et on répète les slogans.
D’emblée, une grande diversité de revendications était perceptible, mais avec toujours cette même revendication, la rue appartient à tout le monde. Cette diversité, c’est ce qui a plu aux organisateurs. Stéphane, membre du collectif, explique qu’ « en s’unissant, on est plus forts ». Sur le parcours de la Slut Walk, on aura même pu apercevoir une pancarte « nous sommes toutes des femmes de chambre ».
Marie, elle, est là pour rappeler que les femmes rondes aussi sont discriminées.
Mais aussi que c’est souvent la victime qui est considérée comme responsable.
Des mouvements LGBT ( pour « Lesbiennes, Gays, Bisexuels et Transgenres », qui défendent les droits de ces personnes) étaient présents aussi, comme l'association Outrage. Ils soutiennent la Slut Walk et rappellent qu’ils sont aussi victimes de discrimination.
Pablo, membre du collectif :
Car la rue peut être dangereuse.
Stéphane :
Ils disent « Salopes » ? On dit « Machos ».
Le sexisme, c'est tabou, on en viendra tous à bout .
Mon corps, mon choix, ma liberté.
Tous ensemble, tous ensemble contre le sexisme
A dress is not a yes.
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La marche partait du Boulevard Albert II et passait par la place De Brouckère, où un sitting s'est tenu.
Stéphane demande alors aux gens qui regardent la marche depuis le bord de la route de se joindre à la marche.
Il explique pourquoi :
Et ça marche. Une victoire pour Joelle :
La Slut Walk, magnifique appel à plus de tolérance. Pourtnant peut-on espérer vriament être tous ensemble contre le sexisme ? A voir la tête de certains le long du parcours, ce n'est pas (encore) gagné.
La marche repart ensuite de plus belle pour se terminer à la place Sainte-Catherine, dans un petit parc où jouaient des familles Roms.
Place alors aux témoignages et discussion, c'est l’heure de donner de la voix.
Un mégaphone est mis à la disposition de qui veut s’exprimer. On entendra plusieurs témoignages et des remerciements. C’est aussi l’occasion aussi de rappeler que « féministe » ne signifie pas « anti-homme », comme le soutient un article de deux pages paru récemment dans le journal flamand De Standard.
Toujours selon Stéphane, « l’important, c’est de se réunir et de ramener du débat dans nos rues ». Les organisateurs en profitent pour rappeler que le mouvement est ouvert à tout le monde. Dans le petit parc, en tout cas, c’est réussi. Les gens s‘assoient. On se parle, on discute.
Nora, Gentianne, Carole et Marie-Sophie sont d’ailleurs en pleine conversation
Pas mal d'hommes sont présents, dans la foule et dans le comité organisateurs. Pourrait-on être homme et féministe ?
Stéphane :
Pablo:
Valérie-Anne, à gauche sur les photos, explique pourquoi elle est venue :
Le premier bilan est plus que positif. 350 personnes se seront finalement déplacées (certaines venaient de Gand), pour dire non au sexisme.
Pablo et Joelle :
La Slut Walk s'est fini en musique, grâce à des artistes qui ont accepté de jouer gratuitement, le groupe français Délivrance, Les René Binamé, et même un groupe suédois, Disobedient Art Production.
Page Facebook : Slut Walk Belgium
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